Exit Scholz, Merz en approche… Quand l’Allemagne veut relancer son économie

Friedrich Merz (CDU) est pressenti pour succéder au chancelier social-démocrate sortant, Olaf Scholz. Photo: Kay Nietfeld/dpa (Photo by Kay Nietfeld/picture alliance via Getty Images) © dpa/picture alliance via Getty Images
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Sous son prochain gouvernement, l’Allemagne basculera à droite, avec l’espoir de relancer son économie qui n’a pratiquement pas progressé depuis six ans.

L’Allemagne entamera l’année 2025 en se préparant à des élections anticipées provoquées par la disparition de sa coalition tripartite en novembre. Ce scrutin surprise se tiendra fin février. C’est l’occasion pour la plus grande économie d’Europe de surmonter ses défis majeurs, à commencer par son modèle industriel défaillant.

Friedrich Merz, le candidat au poste de chancelier, devrait succéder au chancelier social-démocrate (SPD) sortant, Olaf Scholz. Merz est issu de l’opposition de centre-droit des chrétiens-démocrates (CDU) et de leurs alliés bavarois, l’Union chrétienne-démocrate (CSU),

Âgé de 69 ans, Merz est un vieux briscard qui a une longue expérience du monde de l’entreprise. Il se présentera comme la meilleure chance pour l’Allemagne de sortir de son marasme économique. Il devrait faire campagne en proposant de réformer la protection sociale, d’attirer les investissements étrangers et de faciliter les flux de capitaux vers les entreprises allemandes.

La question de savoir comment relancer l’économie allemande dominera la campagne et les négociations de coalition qui s’ensuivront. Les géants industriels allemands sont aux prises avec les prix de l’énergie, des impôts élevés, la bureaucratie et les pénuries de main-d’œuvre. Et l’énorme industrie automobile du pays semble sans réponse devant l’essor rapide des véhicules électriques chinois. Les entreprises allemandes spécialisées, qui constituent le Mittelstand, sont très exposées au virage protectionniste pris par le monde, en particulier face à la menace des tarifs douaniers de Trump.

Le rôle du prochain chancelier dans l’élaboration de la réponse de l’UE sera crucial.

De nombreux tests attendent l’Allemagne

L’un des premiers tests de l’ambition du prochain gouvernement pourrait être le sort du “frein à la dette” de l’Allemagne. Cette disposition constitutionnelle limite fortement les emprunts publics. Alors que les exigences en matière de dépenses et les contraintes juridiques se font de plus en plus pressantes, certains, y compris dans les rangs de Merz, souhaitent desserrer ce frein. Cela nécessiterait une majorité des deux tiers au Bundestag.

Mais si cet obstacle est surmonté et que les partenaires potentiels de Friedrich Merz au gouvernement parviennent à le convaincre, un “frein à la dette” modifié pourrait créer un espace pour de nouveaux investissements publics dans les infrastructures et la défense, et ainsi permettre à l’Allemagne d’augmenter l’aide à l’Ukraine, ce qui pourrait s’avérer utile si Donald Trump décidait de débrancher la prise.

La diplomatie constituera un autre test. Si, sous une éventuelle pression de Trump, l’Ukraine parvient à conclure un accord avec la Russie, l’Allemagne devra faire face à des demandes de la part de ses alliés pour lui fournir des garanties de sécurité et pour diriger le financement de la reconstruction.

Des partenaires de coalition

La recherche de partenaires de coalition par Friedrich Merz sera au centre de toutes les attentions. Une CDU/CSU victorieuse devra probablement choisir entre gouverner avec le SPD dans le cadre d’une large coalition gauche-droite, du type de celle souvent privilégiée par Angela Merkel, ou avec les verts, qui sont détestés par de nombreux conservateurs.

Pourtant, la politique allemande est devenue à ce point fragmentée que les conservateurs pourraient avoir besoin du soutien des deux partis. Le trio d’Olaf Scholz, composé de sociaux-démocrates, de verts et de libéraux, avait commencé sa tâche avec optimisme. Cependant, il n’a pas été en mesure d’apporter une réponse cohérente lorsque la crise a éclaté. Cette leçon n’aura pas échappé à Friedrich Merz.

Par Tom Nuttall, responsable du bureau de Berlin de “The Economist”

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