Etats-Unis, France: comment les démocraties jouent avec leur prospérité
Le changement de candidat démocrate en dernière minute à Washington et l’incapacité à s’entendre sur un Premier ministre à Paris témoignent d’un chaos potentiel dans deux puissances clés.
S’il en est un qui est remonté au sujet de la transition surprise dans le camp démocrate américain, c’est bien Gérard Araud. Ancien ambassadeur de France aux Etats-Unis, il rame à contre-courant d’un discours selon lequel le retrait de Joe Biden au profit, potentiellement, de sa vice-présidente Kamala Harris serait bénéfique face à Donald Trump. Au contraire, il s’agit d’un “coup de poker”, selon lui. Le diplomate n’hésite d’ailleurs pas à comparer celui-ci à ce qui se passe en France…
“La seule candidate possible”
“Non, Kamala Harris n’a pas été choisie parce qu’elle était la meilleure candidate possible mais parce qu’elle était la seule possible à ce stade tardif de la campagne“, clame-t-il. Ou encore: “En faire, comme certains, une manœuvre de haute stratégie ou même une décision sans risque est une mauvaise plaisanterie. C’est un sauve-qui-peut pour tenter d’éviter un désastre annoncé. Un coup de poker plus qu’un mouvement d’échecs.”
Chroniqueur sur plusieurs chaînes d’information françaises, Gérard Araud dénonce l’aventure que ce changement représente face à un Donald Trump dont les signes de fébrilité trahissent, pourtant, une certaine inquiétude. Le candidat républicain et les siens appellent désormais au retrait du président Biden, affirmant qu’il n’est “plus apte à servir”. L’ancien ambassadeur compare ce potentiel chaos américain à la situation française: face au populisme, les démocraties tergiversent, au risque de mettre la prospérité en péril.
L’ancien président Barack Obama l’a souligné dans sa réaction au retrait de Joen Biden: les Etats-Unis rentrent “en eaux troubles”. Ne soutenant pas explicitement Kamala Harris, il témoigne de la possibilité que d’autres candidatures voient le jour d’ici la convention démocrate, fin août. La France se trouve dans ces mêmes “eaux troubles” depuis la dissolution de l’Assemblée nationale, au soit des élections européennes du 9 juin.
Une “trêve politique”
En visitant les installations des Jeux olympiques, à quelques jours de la cérémonie d’ouverture, le président français, Emmanuel Macron, a appelé à une “trêve politique” durant la durée de la compétition. Le matin même, l’économiste Laurence Tubiana jetait l’éponge pour le poste de Premier ministre en “prenant acte” des divergences au sein du Nouveau Front Populaire. Il n’y a toujours pas d’éclaircie dans le brouillard d’une Assemblée sans majorité absolue.
Les Républicains de Laurent Wauquiez ont bien proposé un “pacte législatif” autour d’une dizaine de priorités. Le parti présidentiel pourrait s’y retrouer. Mais au-delà de ces échanges par médias interposés, peu de mouvement et surtout, aucune perspective d’un gouvernement pour remplacer celui, en affaires courantes, de Gabriel Attal. Personne ne semble, à ce stade, faire compromis pour diriger le pays.
Le bilan économique d’Emmanuel Macron n’est pas mauvais, mais la situation budgétaire de la France est plus que préoccupante. Une procédure européenne est ouverte pour déficit excessif et des mesures doivent être prises pour remettre de l’ordre dans les compes publics. La paralysie actuelle est préjudiciable et si la “trêve politique” pour les Jeux permettra peut-être d’avoir moins de cacophonie pour profiter de ces réjouissances populaires, elle ne doit pas masquer le risque d’un vide du pouvoir.
Ayant fait le choix de l’opposition absolue en raison du cordon sanitaire qui l’empêche de trouver des alliés, le Rassemblement National compte les points.
Aux Etats-Unis comme en France une période d’incertitude s’ouvre. Les populistes, Donald Trump et Marine Le Pen, sont au balcon. Et s’il en est un qui sourit en coin, c’est bien le président russe, Vladimir Poutine, qui suit “avec attention” la situation dans ces démocraties qui sont ses adversaires.
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