Que se passerait-il si Donald Trump, connu pour ses décisions imprévisibles, décidait de suspendre l’accès en Europe au système de positionnement global (GPS), développé par les États-Unis ?
Au vu des volte-face auxquelles Donald Trump nous a habitués – notamment dans le cadre de ses guerres commerciales – , l’hypothèse avancée par De Standaard selon laquelle il pourrait couper brusquement l’accès de l’Europe au GPS américain n’a rien d’irréaliste. Cela met en lumière l’importance stratégique — encore trop méconnue — de Galileo, le système de géolocalisation européen conçu précisément depuis le début des années 2000 par l’Union européenne pour réduire sa dépendance aux Etats-Unis dans ce domaine.
En 2016, tous les satellites Galileo étaient en orbite — d’où l’implication de l’ESA — et le système européen est devenu opérationnel. Depuis cette mise en service initiale, Galileo a continué à se développer. En janvier 2023, le système a lancé son Service de Haute Précision (High Accuracy Service – HAS), offrant une précision de positionnement améliorée, jusqu’à 20 centimètres pour les utilisateurs disposant d’équipements compatibles. Le signal ultra-précis (jusqu’à 20 cm) est réservé à certaines applications, comme les drones. Sa précision devrait encore s’améliorer avec l’arrivée des satellites de deuxième génération prévue pour 2026, selon l’ESA.
Galileo, plus précis
Galileo équipe aujourd’hui plus de 4 milliards de smartphones dans le monde. Plus précis que le GPS américain, il est déjà largement intégré aux appareils électroniques et aux véhicules. Pour l’utilisateur lambda, une éventuelle coupure du GPS passerait probablement inaperçue avance Jörg Hahn, spécialiste du GPS à l’Agence spatiale européenne (ESA) interrogé par le quotidien flamand: « Sur un smartphone moderne, vous ne remarquerez aucune différence. Il y a déjà plus de quatre milliards de smartphones dans le monde qui sont compatibles avec Galileo. »
Dépendance au GPS dans le secteur aérien
Mais dans le secteur aérien, la dépendance au GPS américain reste totale, rapporte le média flamand. En Europe, le système EGNOS se charge de garantir la fiabilité des signaux GPS pour l’aviation. Problème : EGNOS ne fonctionne pas encore avec Galileo. Une compatibilité est prévue, mais pas avant 2028. En cas de coupure brutale, les avions devraient donc recourir à d’autres méthodes de navigation, comme les instruments embarqués. Cela représente un scénario à haut risque pour la sécurité aérienne.
Signal crypté
Sur le plan militaire aussi, Galileo dispose d’un signal crypté, le PRS (Public Regulated Service), réservé aux autorités européennes. Plus résistant aux brouillages — fréquents de la part de la Russie en Europe de l’Est —, ce signal pourrait théoriquement remplacer le GPS américain dans certaines situations. Mais il reste peu utilisé par les armées européennes, et pas encore pleinement intégré aux systèmes de l’OTAN. La guerre en Ukraine pourrait cependant accélérer les choses. Dans son Livre blanc sur la défense présenté en mars, la Commission européenne propose de donner à l’Ukraine un accès renforcé aux services spatiaux européens, le signal PRS de Galileo en fait partie.
Le déploiement complet de la constellation Galileo, visant une capacité opérationnelle totale (Full Operational Capability – FOC), est prévu pour les prochaines années, avec l’ajout de satellites supplémentaires et l’amélioration continue des services offerts.