Espace: 2024, l’année du retour sur la lune?

L’équipage de la mission Artemis II. © Getty Images

Fin 2024, des astronautes devraient retourner sur la Lune pour la première fois depuis plus d’un demi-siècle. Enfin, en quelque sorte.

Dans le cadre de la mission Artemis II de la Nasa, quatre astronautes – Reid Wiseman, Victor Glover, Christina Koch et Jeremy Hansen – dépasseront l’orbite terrestre basse mais, au cours de leur mission de 10 jours, aucun membre de l’équipage ne posera le pied sur la surface lunaire. Au lieu de cela, ils se rendront jusqu’à un point situé à 7.400 km de la face cachée de la Lune, tourneront autour et reviendront sur Terre.

La mission permettra de tester les engins spatiaux et les protocoles du programme Artemis, notamment le système de lancement spatial (SLS) et le premier vaisseau Orion avec équipage, en vue de futures missions.

En plus d’être les premiers humains à atteindre le voisinage de la Lune depuis Apollo 17 en 1972, Glover, Koch et Hansen seront respectivement le premier homme noir, la première femme et le premier non-Américain à quitter l’orbite de la Terre.

Devancés par les Chinois ?

Le lancement d’Artemis II ne pourra avoir lieu qu’en novembre au plus tôt, et il pourrait bien être retardé. Il sera devancé sur la Lune en mai par la sixième mission du programme chinois d’exploration lunaire (connue sous le nom de Chang’e). Comme Chang’e 5 qui la précédera en 2020, cette mission robotisée aura pour objectif de déposer un atterrisseur à la surface de la Lune, de collecter quelques kilogrammes de roches, de décoller et de revenir sur Terre. Cette fois, la cible sera située sur la face cachée de la Lune et la mission transportera également des instruments scientifiques provenant de partenaires français, italiens, suédois et pakistanais.

La fusée européenne Ariane 6 pourrait également effectuer son premier vol en 2024.

En décembre, l’Organisation indienne de recherche spatiale s’appuiera sur l’étonnant succès de sa mission Chandrayaan-3 en août 2023, qui a réussi à faire atterrir un vaisseau spatial sur le pôle sud de la Lune, pour lancer Shukrayaan vers Vénus. Il s’agira de la première mission dédiée à l’étude de la “jumelle maléfique” de la Terre depuis la mission japonaise Akatsuki en 2010, et elle sera à l’avant-garde d’un regain d’intérêt pour l’envoi de sondes vers Vénus. Les scientifiques espèrent utiliser Shukrayaan pour tout étudier, de la chimie de l’atmosphère de Vénus à ses coulées de lave, et pour découvrir s’il y a vraiment de la phosphine (une molécule dont on soupçonne la présence et qui est, de manière passionnante, normalement associée à la vie) sur la planète.

Tandis que les agences spatiales explorent les confins du système solaire, des entreprises privées testeront de nouvelles fusées plus près de chez nous. Blue Origin, la société de fusées de Jeff Bezos, pourrait tester sa fusée New Glenn pour la première fois en 2024. Il s’agit d’une tentative de véhicule de transport lourd réutilisable, capable de placer 45 tonnes en orbite terrestre basse.

La fusée européenne Ariane 6 pourrait également effectuer son premier vol en 2024. Construite par Ariane Groupe, une co-entreprise d’Airbus et de Safran, Ariane 6 est une nouvelle fusée non réutilisable qui devrait être moins chère que les générations précédentes, tout en permettant un plus grand nombre de lancements par an. Elle devrait être capable d’envoyer 10 ou 20 tonnes en orbite terrestre basse, selon le modèle. Toutes ces fusées, bien qu’impressionnantes, seront finalement éclipsées par le vaisseau Starship de SpaceX qui, lorsqu’il fonctionnera, devrait être capable de lancer 150 tonnes en orbite. Attendez-vous à voir d’autres essais de ce mastodonte en 2024.

Alok Jha, spécialiste scientifique de “The Economist”
Traduit de « The World in 2024 », supplément de The Economist

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