Entre innovation et dépendance: les défis chinois face aux technologies étrangères

La ville de Shenzhen est au centre de l'un des pôles industriels les plus denses de la planète en matière de fabrication de produits électroniques. © Getty Images
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Les entrepreneurs chinois naviguent dans un environnement imprévisible, marqué par des défis aussi bien nationaux qu’internationaux.

Toutes sortes d’appareils électroniques grand public transitent par les marchés de Shenzhen, l’un des pôles industriels les plus denses de la planète dans ce domaine. Dernièrement, des composants coûteux ont fait leur apparition sur ces marchés, mais ces éléments ne peuvent être fabriqués qu’à l’étranger. Il s’agit en l’occurrence des puces d’intelligence artificielle ultra-puissantes conçues par Nvidia, une entreprise américaine, et fabriquées à Taïwan par TSMC, leader mondial dans ce domaine.

Une seule de ces puces peut largement dépasser les 30.000 dollars lorsqu’elle est achetée directement auprès de son fabricant. Sur le marché noir, elles peuvent atteindre des prix bien plus élevés. Et les entreprises technologiques affluent de toute la Chine à Shenzhen pour mettre la main sur ces puces.

BYD, Longi ou Cambricon sont les vedettes actuelles de la scène tech chinoise.

De nombreux défis

Que nous révèle ce marché noir florissant à propos des entrepreneurs chinois en 2025 ? Qu’ils sont confrontés à de nombreux défis. L’interdiction décrétée par le président Joe Biden sur les puces d’IA de grande puissance, introduite en 2022 et renforcée depuis, n’est qu’un exemple parmi d’autres. Les fabricants chinois de puces électroniques ont du mal à produire des produits comparables, ce qui oblige les acteurs de la scène IA naissante à payer des prix plus élevés.

Dans le même temps, la pénurie de puces puissantes a aussi forcé les start-up chinoises à innover et à trouver des moyens de faire plus avec moins, soulignant ainsi l’inventivité des entrepreneurs chinois.

Les changements inattendus dans la réglementation nationale constituent un autre risque. Ces dernières années, les barons de la fintech et de la consumer-tech ont été confrontés à des restrictions soudaines, Xi Jinping, le dirigeant suprême de la Chine, ayant tenté d’orienter l’innovation vers des domaines qu’il considère comme stratégiquement plus précieux.

Les perspectives de géants tels qu’Alibaba, dans l’e-commerce, et Tencent, colosse du gaming et des réseaux sociaux, se sont ainsi assombries. Les licornes ont également perdu de leur superbe alors que l’économie chinoise est soumise à des pressions accrues.

Nouveaux champions

Mais de nouveaux champions apparaissent : BYD (véhicules électriques), Longi (énergie solaire) ou Cambricon (puces IA) sont les vedettes actuelles de la scène tech chinoise. Le message de Xi Jinping est clair : le gouvernement souhaite que les entrepreneurs et les investisseurs se concentrent sur la prochaine vague de technologies émergentes. Il s’agit notamment des puces avancées, de la robotique et de l’IA, des nouveaux types de technologies vertes, et même de domaines plus marginaux comme les taxis volants et les interfaces cerveau-ordinateur.

Le parti communiste insiste depuis de nombreuses années sur l’importance de l’autosuffisance et il a fait beaucoup pour soutenir l’innovation locale. Il faut s’attendre à ce que l’effervescence autour de cette nouvelle génération d’entreprises technologiques chinoises s’intensifie en 2025.

Par Don Weinland, rédacteur en chef affaires et finances en Chine de “The Economist”

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