Entre économie en berne et secteur bancaire aux abois, le très étroit chemin de la Fed

Jerome Powel - Getty Images © belga

Malgré une économie morose et un secteur bancaire qui tangue, la banque centrale américaine maintient le cap de réduire à tout prix l’inflation. Mais la marge de manœuvre est bien mince.

Son président, Jerome Powell, le répète depuis des mois, ramener l’inflation américaine vers sa cible de 2% sera un effort long et difficile mais nécessaire car une inflation qui s’inscrit dans la durée aurait des conséquences encore plus néfastes pour l’économie. Peu de chance dès lors de voir le comité monétaire de la Fed (FOMC) envisager une pause dès maintenant dans sa marche en avant.

Largement anticipée, une hausse modérée d’un quart de point de pourcentage, soit 25 points de base, est l’hypothèse très largement retenue parmi les acteurs du marché, selon l’évaluation de CME Group, et tandis que l’idée d’une pause prévalait fin mars. La réunion, qui avait débuté mardi, a repris mercredi “à 09H00 comme prévu”, a indiqué à l’AFP un porte-parole de la Fed. La décision sera annoncée dans un communiqué de presse à 14H00 (18H00 GMT) puis le président de l’institution, Jerome Powell, tiendra une conférence de presse à 14H30 (18H30 GMT).

Signes d’essouflement

La situation a sensiblement évolué ces dernières semaines, dans le sens voulu par la Fed. Alors qu’elle résistait toujours, l’économie américaine multiplie les signes d’essoufflement, longtemps attendus et enfin visibles. La semaine dernière, la croissance du premier trimestre est ressortie à 0,3% par rapport aux trois derniers mois de 2022 et à seulement 1,1% en rythme annualisé. Et la probabilité d’une récession, plus marquée qu’attendue initialement, est largement anticipée par les marchés. “Nos données nous laissent à penser que le resserrement monétaire et les récentes tensions dans le système bancaire vont entraîner une légère récession, plus forte cependant que ce que nous avions anticipé jusqu’à présent”, a ainsi souligné le chef économiste d’Oxford Economics, Ryan Sweet, interrogé par l’AFP.

Plus encore, la fragilité de certains établissements bancaires est revenue sur le devant de la scène avec la chute de la banque régionale First Republic, finalement rachetée au cours du week-end par JPMorgan Chase, le numéro un du secteur. L’inquiétude sur la solidité de ces banques de taille moyenne reste forte, plusieurs d’entre elles ont vu leur titre chuter mardi à Wall Street, mais se redressaient mercredi.

“La peur est de retour”

“La peur était de retour pour le secteur bancaire”, a commenté Adam Sarhan de 50 Park Investments. “La peur est un sentiment très puissant à Wall Street. Quand il entre par la porte, la logique sort par la fenêtre”, a-t-il ajouté. “La Fed doit considérer” ces difficultés bancaires “comme un événement qui change la donne”, a affirmé Karl Haeling de LBBW, et non plus considérer que les banques font les frais de cas “isolés de mauvaise gestion”.  Car ces banques souffrent notamment de la hausse des taux, qui fixent au jour le jour le coût de l’argent que les établissements se prêtent entre eux. Il est passé en un peu plus d’un an d’une fourchette située entre 0 et 0,25% à des valeurs comprises entre 4,75 et 5% désormais.

Les conditions de crédit plus strictes pour les ménages et entreprises “risquent de ralentir l’activité et l’embauche”, avait averti le 20 avril le président de l’antenne régionale de la Fed à Philadelphie, Patrick Harker. Elles peuvent faire le même effet que des hausses de taux, en ralentissant la demande et donc la hausse des prix, avait aussi souligné Jerome Powell lors de sa dernière conférence de presse.

Après ce nouveau relèvement attendu, les économistes se concentreront principalement sur le langage du communiqué, pour savoir “si la référence à +un raffermissement supplémentaire+ est modifiée”, a estimé Art Hogan de B. Riley Wealth Management.

Beaucoup sur les marchés espèrent que la Fed va déclarer une pause d’observation ou en tout cas afficher une communication moins stricte sur le plan monétaire. Toutefois, si l’inflation a fortement baissé en mars, l’inflation sous-jacente (hors prix de l’alimentaire et de l’énergie), a à peine ralenti et est désormais plus élevée que l’inflation elle-même.

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