“Nous risquons d’avoir une récession technique aux Etats-Unis”

Bernard Keppenne, éconmiste en chef chez CBC © PG
Pierre-Henri Thomas
Pierre-Henri Thomas Journaliste

Le patron de JP Morgan Chase, Jamie Dimon, estime que la crise bancaire américaine laissera des traces durant plusieurs années. Bernard Keppenne, l’économiste en chef de CBC, nuance le propos en réponse aux trois questions que nous lui avons posées.

1. Pourquoi cet avertissement de Jamie Dimon?

Parce que se pose clairement la question de l’impact des soubresauts du secteur bancaire américain sur le crédit. Un rapport de la Réserve fédérale (Fed) de New York publié au début de cette semaine relève que la part des ménages qui ont déclaré que le crédit était plus difficile à obtenir par rapport à l’année dernière a atteint le niveau le plus élevé depuis 2014. Le président de la Fed de New York affirme qu’il n’a pas encore vu de signe clair de resserrement des conditions de crédit et ignore l’ampleur qu’il aura, mais on a clairement le sentiment que l’impact sera plus lourd qu’attendu. Et donc le ralentissement de l’économie américaine sera également plus important. Nous risquons d’avoir une récession technique aux Etats-Unis sur la deuxième partie de l’année, soit deux trimestres successifs négatifs.

2. Y aura-t-il des répercussions chez nous?

Nous sommes dans une situation totalement différente en Europe. Les banques régionales américaines sont responsables de 50 à 60% des crédits aux ménages. Le ralentissement de l’activité et les mesures de contrôle des autorités américaines vont peser sur leur activité de crédit. On a aussi critiqué les autorités et la déréglementation qui a été effectuée sous l’ère Trump, qui a abouti au fait que les banques sous les 250 milliards de bilan n’étaient pas contrôlées. En revanche, quand les problèmes se sont posés, les autorités américaines ont agi rapidement et efficacement et ont évité un effet boule de neige. Le modèle bancaire européen n’est pas le même qu’aux Etats-Unis. Chez nous, les organes de contrôle ont joué leur rôle. Cela autorise à penser que nous n’aurons pas le même scénario en Europe.

3. Mais une récession aux Etats-Unis peut nous faire mal?

Nous étions déjà, avant la crise bancaire, dans un scénario de ralentissement économique voulu par les banques centrales. L’objectif de la remontée des taux était de calmer l’ardeur de l’économie pour faire refluer l’inflation. Or, l’impact réel d’une hausse des taux sur l’économie ne se fait ressentir que 9 à 12 mois plus tard. Autrement dit, l’effet de la hausse des taux ne commence à se faire sentir qu’aujourd’hui. Les soubresauts bancaires aux Etats-Unis et par ricochet en Europe vont en effet peser encore un peu plus sur les prévisions de croissance. Mais probablement pas de la même ampleur en Europe. D’autant qu’aux Etats-Unis, la hausse des taux a également été plus forte qu’ici.

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