En froid avec von der Leyen, Charles Michel déjà à la recherche de son prochain job ?
Son image ayant déjà été écornée par ses relations houleuses avec von der Leyen, les critiques envers Charles Michel en tant que président du Conseil ne cessent de croître. Mais pas de quoi l’empêcher de déjà songer à son prochain boulot, selon Politico.
La présidence du Conseil européen de Charles Michel ne fait pas toujours l’unanimité. On lui reproche de ne pas être suffisamment deal maker (faiseur de compromis). Et puis sa notoriété à l’international est loin d’être au zénith. En réalité, il ne lui aura fallu que quelques mois pour que ses relations houleuses avec von der Leyen dominent les discussions à Bruxelles. Depuis, les tensions entre les deux institutions les plus puissantes de l’UE sont encore montées d’un cran. Au point d’être devenues dysfonctionnelles. Aujourd’hui les deux principaux responsables de l’Union européenne s’évitent autant qu’ils le peuvent.
Charles Michel manquerait de discrétion
On reproche aussi à Charles Michel la façon confuse dont il gère les sommets. Il donne l’impression “qu’il n’a souvent aucune idée de la direction qu’il veut prendre, et cela se voit dans les conclusions”, dit Politico. À force de trop jouer au président, il aurait perdu en autorité. À force d’être trop sur la route et de chercher à se montrer, il en délaisserait le cœur de sa fonction. Soit la préparation et l’organisation des sommets du Conseil européen. A force de jouer des coudes et de communiquer à tout va, il oublie que pour parvenir à un accord il faut souvent agir en coulisses. Or il a manqué de discrétion. Sa visite en solo en Chine n’a été que peu appréciée. Tout comme sa visite surprise à Kiev.
Politico nuance tout de même. Une partie au moins du mécontentement à l’égard de Michel peut être attribuée à la nature mal définie du poste. Mais aussi à la manière dont Charles Michel a choisi de l’interpréter. Le traité précise que le rôle du président est “d’assurer la représentation extérieure de l’Union pour les questions relevant de la politique étrangère et de sécurité commune”. C’est cette partie du travail que Michel a saisi à bras le corps. Il s’est lancé dans une activité internationale presque frénétique. Les frais de voyage ont ainsi augmenté de près d’un quart. Le penchant de Michel pour les vols privés (26, entre janvier et novembre selon Politico) a également fait grincer quelques dents.
La visite de Zelensky
La goutte de (presque) trop a pour beaucoup été la visite de Zelensky en février. C’est à ce moment-là qu’il aurait complètement perdu les rênes, dit Politico. Et si beaucoup ont compris le chaos durant la visite – après tout c’était une visite surprise- , peu ont compris pourquoi le chaos s’est éternisé par la suite. La conversation passait d’un sujet à l’autre et des propositions rejetées par les ambassadeurs ont été remises sur le tapis. Poussant la Première ministre danoise à exprimer, vertement et micro ouvert, son mécontentement quant à la manière dont le débat était mené. Charles Michel aurait laissé trop de temps à la discussion au lieu d’orienter le débat vers une conclusion pourtant nécessaire.
Plus inquiétant, ce dernier mouvement d’humeur s’ajoute à d’autres. Ainsi, toujours selon Politico, la grogne serait particulièrement forte parmi les ambassadeurs de l’UE à Bruxelles. Et depuis peu elle se ferait aussi de moins en moins discrète même parmis les dirigeants.
La dernière charge en date concerne le fait qu’il ne serait pas occupé par sa fonction actuelle, soit tenter de mettre au pas les 27 chefs du gouvernement, mais par la suivante. Qu’il privilégierait ses ambitions futures plutôt qu’une bonne gestion aujourd’hui. Il est vrai que son deuxième et dernier mandat arrive à son terme vers la fin de l’année prochaine. Soit le 30 november 2024.
Comme en Belgique
Pourtant, comme le signale Carl Devos, politologue, toujours dans Politico, Charles Michel ne fait rien d’autre que ce qu’il faisait déjà dans le gouvernement belge. « Il accordait plus d’importance à son profil international qu’aux relations au sein de son gouvernement. Ce qui a été un élément clé de l’éclatement de son gouvernement. »
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Lui qui a été choisi en 2019 dans le cadre d’un marchandage politique plus large (qui a également vu la nomination de Mme von der Leyen à la présidence de la Commission et de Christine Lagarde à la tête de la Banque centrale européenne), sait qu’un nouveau mandat n’est légalement pas possible. Il se murmure que de toute façon ses relations avec les gouvernements nationaux seraient au plus bas. Et comme un retour au pays serait vu comme un retour en arrière, que faire ? Une question particulièrement sensible pour Michel à l’approche des élections européennes de l’année prochaine. Une élection qui verra une nouvelle répartition des postes de haut niveau au sein de l’UE. Or à 47 ans il n’a pas l’intention de prendre sa retraite.
Va-t-il devenir député européen pour tenter de devenir le chef de son groupe politique ? Peut-être, car cela pourrait ouvrir la voie vers la présidence de la Commission ou la tête du service diplomatique. Une option avec certes moins pouvoir, mais beaucoup de prestige. Une belle porte de sortie… Et même trop belle pour Steven Van Hecke, professeur de politique européenne à la KULeuven dans De Morgen. “C’est de la politique fiction. Non seulement Michel, mais aussi la Belgique, boxe au-dessus de sa catégorie sur la scène européenne avec le mandat actuel.”
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