Drill, baby, drill : encore une erreur de Donald Trump


Donald Trump a dû s’endormir lors de ses cours d’économie, disent les mauvaises langues. Déjà attaqué sur la rationalité de ses tarifs douaniers, un autre sujet agite aussi un secteur économique très important aux États-Unis, le secteur pétrolier, fragilisé par la politique du pays.
On se souvient de l’injonction du candidat Trump : « drill, baby, drill », qui laissait supposer que l’économie américaine, en croissance grâce aux baisses d’impôt qu’allait décider la nouvelle présidence, allait avoir du pétrole et du gaz à profusion, que cet or noir ne serait pas trop cher (aux alentours de 80 dollars le baril) et que l’Américain moyen, très sensible au prix du gallon, allait bénir la Maison Blanche.
Ce scénario idyllique mêlant pétrole pas cher et belle croissance a du plomb dans l’aile, en raison précisément des cartouches tirées par Donald Trump.
En incitant les pétroliers à forer, le président a en effet provoqué un début de surinvestissement dans un secteur dont la rentabilité est parfois fragile. La source la plus abondante de pétrole aux Etats-Unis est le pétrole de schiste. Mais l’exploiter demande des investissements élevés. En gros, un exploitant de ce pétrole non conventionnel pétrolier ne commence à gagner de l’argent que lorsque le pétrole se vend à environ 60 dollars le baril .
Contre-réaction
Or, en incitant les pétroliers américains à forer tant et plus, Donald Trump a réveillé la concurrence des producteurs classiques, ceux réunis dans l’OPEP (Arabie Saoudite, Iran, Irak, …). Ceux-ci, craignant que les Américains ne leur prennent des parts de marché, ont décidé d’accroître de 411.000 barils par jour leur production à partir du mois de mai. C’est une hausse réduite (l’OPEP + produit environ 45 millions de barils par jour), mais c’est suffisant pour faire baisser les prix pétroliers juste en dessous du seuil de rentabilité du pétrole de schiste américain. Le 7 avril, le baril de référence aux États-Unis (le WTI) est ainsi tombé à 58 dollars.
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Un autre facteur d’inquiétude pour le secteur pétrolier américain est sa dépendance aux investissements et à l’endettement. Les producteurs financent l’exploitation du pétrole de schiste par des emprunts. Une baisse prolongée des prix pourrait compliquer le remboursement de ces dettes, augmentant le risque de faillites, comme cela s’est produit en 2020 lorsque les prix ont chuté brutalement. De plus, la production américaine a atteint des niveaux records ces dernières années, ce qui a contribué à une offre abondante sur le marché mondial. Cette surproduction, combinée à une augmentation de la production de l’OPEP+ exerce une pression supplémentaire à la baisse sur les prix, rendant la situation encore plus précaire pour les entreprises américaines.
Question d’offre et demande
Et comme s’il fallait un argument en plus pour abaisser les prix du pétrole, les inquiétudes concernant les tarifs douaniers décidés la semaine dernière par la Maison Blanche vont provoquer des ralentissements de l’activité économique un peu partout. Or qui dit ralentissement de l’activité économique dit baisse de la demande de pétrole.
Résumons. D’un côté, davantage de pétrole produit en raison de la politique de forage encouragée par Trump et de la contre-réaction des pays producteurs. De l’autre, moins de pétrole consommé parce que l’économie américaine et mondiale se dirige sinon vers la récession au moins vers la stagnation, à cause de la guerre commerciale déclenchée par les Etats-Unis. Bref, avant de dire « drill baby drill » et déclarer une guerre commerciale, Donald Trump aurait peut-être dû écouter son professeur d’économie.
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