Donald Trump: le meeting excessif du Madison Square Garden est-il un tournant dans l’élection?

Donald Trump au Madison Square Garden. (Photo by Jen Golbeck / SOPA Images/Sipa USA)
Olivier Mouton
Olivier Mouton Chef news

Les partisans du candidat républicain ont multiplié les propos violents lors d’un moment fort de la campagne à New York. Notamment en qualifiant Porto Rico d’”île flottante d’ordures”. Cela portera-il préjudice à Donald Trump… ou au contraire, cela lui servira-t-il?

Ce devait être un moment fort de la campagne républicaine, un peu plus d’une semaine avant l’élection présidentielle du 5 novembre. Donald Trump a mené dimanche soir une démonstration de force au Madison Square Garden de New York, une ville qui lui est chère – notamment avec la Trump Tower -, mais qui lui est aussi hostile en tant que bastion démocrate. Ses partisans étaient présents en nombre, tandis qu’une manifestation de protestation s’exprimait au-dehors pour le qualifier de “dictateur”.

Mais la démonstration en question a tourné au “spectacle de foire”, pour reprendre les termes de Philippe Corbé, écrivain et spécialiste des Etats-Unis, qui y a assisté de l’intérieur. “Cela devait être le point d’orgue de sa campagne, c’était peut-être la plus grosse erreur de Trump“, souligne-t-il. Depuis, la candidate démocrate Kamala Harris a dénoncé certains de ses excès – sans surprise -, mais l’équipe même de Donald Trump a dû prendre ses distances.

Porto Rico en guise de cible

Parmi les outrances exprimées durant ce meeting, nombre concernaient le dossier de l’immigration, au coeur de la campagne républicaine. Le présumé humoriste Tony Hinchcliffe a chauffé la salle en osant une métaphore salée: “Il y a littéralement une île flottante de déchets au milieu de l’océan en ce moment. Je pense qu’elle s’appelle Porto Rico”. Kamala Harris a réagi en évoquant, elle, son plan pour Porto Rico- territoire américain.

Les artistes Bad Bunny, Jennifer Lopez ou Rickie Martin ont dénoncé cette injure. L’équipe de Donald Trump a pris ses distances en affirmant que “cette blague ne reflète pas les opinions” du candidat.

Ce n’est toutefois pas la seule exagération constatée durant le meeting. Philippe Corbé en a recensé plusieurs. David Rem, un ami d’enfance de Trump, a appelé Kamala Harris “l’antéchrist” et “le diable” en brandissant un crucifix. L’homme d’affaires et scientologue Grant Cardone a déclaré à la foule que Harris “et ses proxénètes vont détruire notre pays”, ajoutant: “cette élection doit être une victoire écrasante, nous devons massacrer ces autres personnes”.

Quant à Donald Trump, il a fait… du Trump: “Vous avez détruit le pays (…) Kamala, tu es virée, va-t-en !”, a-t-il lancé, avant de longuement dénoncer une “invasion” des migrants aux Etats-Unis et de promettre à nouveau “la plus grande opération d’expulsion” de l’histoire du pays.

Une erreur ou un choix conscient?

Alors que l’élection s’annonce ultra-serrée, ces outrances constituent-elles réellement un faux pas susceptible de lui coûter des voix? Si certains évoquent donc une “erreur” du camp Trump, d’autres constatent que ces propos forts sont coutumiers du candidat républicain et qu’ils touchent une partie de l’opinion publique. Un choix conscient. Dans une Amérique coupée en deux, cela mobilisera son camp, la question étant de savoir si cela peut convaincre les indécis – ce qui risque d’être la clé du scrutin.

Populiste, qualifié de “fascistes” par certains de ses anciens collaborateurs, Donald Trump parle le langage de la rue. Face à lui, Kamala Harris reçoit le soutien de nombreux artistes de renom – de Taylor Swift à Bruce Springsteen en passant par Beyoncé -, mais le risque existe de voir la candidate démocrate épinglée pour être la candidate des élites.

Verdict le 6 novembre, ou plus tard si des recomptes et recours ont lieu. Le monde retient son souffle, tant cette Amérique coupée en deux ressemble de plus en plus à une bombe à retardement.

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