Entre fake news, post-vérité, scandale sexuel, bras de fer entre pouvoir et médias, ce qui se joue aux Etats-Unis autour de Donald Trump est stupéfiant. Les procureurs américains veulent désormais interroger l’ancienne compagne de Jeffrey Epstein, Ghislaine Maxwell. Derrière les rumeurs et les sensations, l’enjeu est d’une importance majeure. En toile de fond, le règne controversé d’un homme, mais aussi… son appétit pour les cryptomonnaies.
Les Etats-Unis présentent chaque jour des actualités dont l’intensité dépasse les fictions les plus invraisemblables. Ce qui se joue en ce moment, entre scandale sexuel potentiel, bras de fer entre médias et pouvoir et post-vérité est hallucinant, d’autant que cela concerne le président Donald Trump en personne. Qui tente d’allumer des contre-feux, en vain.
Le locataire de la Maison-Blanche vient de republier sur son propre réseau social une fausse vidéo, un deepfake grossier, mettant en scène une arrestation dans le Bureau ovale de son précédesseur par le FBI. Ce faisant, Donald Trump tente de faire oublier le scandale qui le guette.
Le président républicain relaie, ce faisant, des accusations selon lesquelles son prédécesseur démocrate aurait participé à une cabale contre lui lors de la campagne électorale de 2016, en l’accusant d’ingérences russes.
Cette agitation vaine entend jeter un écran de fumée sur des révélations de la presse autour de l’affaire Epstein, du nom du milliardaire accusé de gérer un réseau d’exploitation sexuelle de mineures et mort en prison en 2019, visiblement suite à un suicide.
Le dessin qui réveille tout
Cela fait quelque temps que la rumeur enfle selon laquelle le président républicain pourrait être impliqué, d’une manière ou d’une autre, dans l’affaire Epstein, dont des dossiers ont disparu. Voici quelques jours, le Wall Street Journal a publié un écrit daté de 2003, à l’occasion des cinquante ans d’Epstein, et un dessin en guise de signature, signé de la main de Donald Trump, prouvant des liens pour le moins ambigus entre les deux hommes.
“Nous avons certaines choses en commun, Jeffrey, commentait un Trump alors millardaire dans l’immobilier. Joyeux anniversaire, et que chaque jour soit un nouveau secret merveilleux.” Le dessin de la signature était un croquis de femme nue, dessiné à la main, s’accompagnait d’une signature gribouillée sous la taille, imitant les poils pubiens. “La lettre est un faux”, s’est emporté l’actuel président, niant au passage avoir jamais dessiné de sa vie… ce qui fut rapidement démenti.
Un action en justice a suivi: le président a lancé des poursuites devant un tribunal de Floride vendredi 18 juillet, réclamant la bagatelle de 10 milliards de dollars (soit environ 8,6 milliards d’euros).
Depuis, pas un jour sans que Trump ne s’en prenne de façon virulente à Rupert Murdoch, le magnat propriétaire du journal et de Fox News. Quant il ne s’irrite pas en majuscules du “crime” du siècle qu’aurait commis Barack Obama et dont personne ne parlerait.
Mais le florilège de moments réunissant Trump et Epstein ressort, photos à la clé, dont celle où on voit les deux hommes en compagnie d’une mannequin belge, Ingrid Seynhaeve. Au sein du mouvement MAGA, ces révélations sèment le trouble.
Et ce n’est pas tout: les procureurs américains veulent désormais interroger l’ancienne compagne de Jeffrey Epstein, Ghislaine Maxwell. Selon la ministre de la justice, Pam Bondi, les autorités veulent savoir si elle détient encore des preuves. L’avocat de Ghislaine Maxwell a déclaré à la chaîne américaine CNN que les discussions étaient en cours.
Bras de fer et cryptomonnaies
Le bras de fer entre Donald Trump et Rupert Murdoch ne fait que commencer. Le Wall Street Journal a été exclu des briefings de la Mains Blanche et a reçu, en retour, le soutien remarqué du New York Times. Face à la dérive autocratique du président, de nouvelles alliances voient le jour.
Mais ce n’est pas tout… En toile de fond de ce soap opera dramatique, on trouverait un autre bras de fer… concernant le maintien de Jerome Powell à la tête de la Banque centrale américaine (Fed). Ce dernier est soutenu par Rupert Murdoch, alors que Donald Trump souhaiterait le limoger.
La raison de cet autre bras de fer? Jerome Powell veut faire obstacle à l’expansion des cryptomonnaies promues par les Trump père et fils, une position soutenue par Murdoch. L’affairisme du président commence à indisposer fortement les milieux d’affaires, de même que ses positions protectionnistes.
Alors, dans ce magma tempétueux, Donald Trump s’en prend à Barack Obama. Et l’on ne sait où s’arrêtera ce feuilleton de l’été, qui semble à proprement parler invraisemblable.