Excédé par l’attitude de son homologue russe, le président américain a abrégé son délai pour que la Russie cesse les hostilités. Mais derrière, les moyens de pression restent peu crédibles et… il en est lui-même conscient. Le seul moyen d’action réel consisterait à frapper lourdement les pays qui permettent à Moscou de poursuivre son effort de guerre.
Donald Trump accentue la pression sur Vladimir Poutine pour mettre fin à la guerre en Ukraine. Du moins, verbalement. Après lui avoir intimé l’ordre de cesser les hostilités dans cinquante jours, lundi 15 juillet, le président américain a menacé de réduire le délai et s’est finalement fixé mardi sur dix jours.
Mais lui-même n’est guère convaincu de la force de son ultimatum, estimant que Poutine est déterminé à continuer le conflit jusqu’à ce qu’il atteigne ses objectifs.
“Nous allons imposer des droits de douane et d’autres choses“, a assuré le président républicain, dans son avion Air Force One de retour d’Écosse. Je ne sais pas si cela va affecter la Russie, car de toute évidence il veut que la guerre continue.”
D’ailleurs, Vladimir Poutine n’a pas répondu et son porte-parole, Dimitri Peskof, s’est contenté de dire que Moscou avait “pris note” des déclarations de Trump.
Quel moyen pour faire plier Poutine?
Faute de pression concrète, il est peu probable que le maître du Kremlin bouge d’un iota. Des droits de douane des Etats-Unis sur la Russie? Vu le faible taux d’échange entre les deux pays, cela n’aurait guère d’impact.
Alors que faire?
“Il ne vise pas directement des droits de douane sur des produits russes, mais sur des biens de pays qui vendent du matériel à la Russie, ou lui achète du pétrole, précise la politologue Laetitia Spetschinsky, chargée de cours invitée à l’UCLouvain et spécialiste de la Russie, interrogée par L’Echo. “Ce sont des sanctions secondaires, elles visent à faire pression sur Moscou indirectement, en s’en prenant à ses partenaires commerciaux.”
“Des sanctions secondaires sur les banques!, s’exclame Marie Jgo, spécialiste du quotidien Le Monde Vous verrez que les banques chinoises, si elles sont menacées de ne plus pouvoir commercer en dollars, seront beaucoup plus timides dans leurs transactions avec la Russie. Pour le moment, la Russie tient grâce à l’aide de la Chine, qui fournit surtout des composants électroniques, des systèmes de détection, des machines-outils à l’industrie de défense russe. Aucun banquier au monde ne veut être sanctionné par le Trésor américain, car cela signifie qu’il doit mettre la clé sous la porte.”
Cela pourrait accentuer un état de fait car l’économie russe souffre, quoi que l’on en dise: “Les investissements sont à la peine, et même la Chine n’investit pas un sou en Russie. D’ailleurs, Pékin ne veut pas construire le deuxième gazoduc Force de Sibérie 2, car ça n’est pas avantageux et ça la lierait trop au gaz russe, qu’elle achète par ailleurs mais en petites quantités et en diversifiant ses fournisseurs. L’économie russe, le secteur civil en tout cas, va beaucoup plus mal qu’on ne l’imagine, et les sanctions y sont pour quelque chose.”
Au bout des dix jours, est-ce cela que Donald Trump imposera… au risque de prolonger lui-même le délai de son ultimatum?