Détente apparente sur le front de l’inflation aux Etats-Unis

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L’inflation a ralenti aux Etats-Unis un peu plus qu’attendu par les analystes en avril, avant que les nouveaux droits de douane commencent à faire leur chemin jusqu’aux tickets de caisse.

Le mois d’avril correspond à la période pendant laquelle le président américain a érigé un mur de nouvelles taxes douanières sur les produits importés aux États-Unis. Il a depuis en partie fait marche arrière, mais les experts s’attendent à voir les prix augmenter, les droits de douane restant beaucoup plus élevés qu’avant le début de son second mandat.

Pour l’heure, l’indice des prix à la consommation (CPI) a légèrement ralenti en avril, s’établissant à +2,3% sur un an, contre +2,4% en mars, selon la publication mardi du ministère américain du Travail. Il s’agit du rythme d’inflation le plus faible depuis février 2021.

Les analystes s’attendaient à ce que cet indice reste inchangé sur un an, selon le consensus publié par MarketWatch. Depuis avril 2024, l’indice a été singulièrement tiré vers le bas par la diminution des prix des carburants (-11,8% sur la période).

Le décrochage des prix du pétrole traduit en partie les craintes des opérateurs face à l’offensive protectionniste de Donald Trump. Ils s’attendent à ce que cela pèse sur la croissance et l’activité futures.

L’indice CPI hors prix volatils de l’énergie et de l’alimentation est resté stable sur un an, à +2,8%. Sur une période plus courte, l’indice a augmenté de 0,2% en avril par rapport au mois précédent. Celui-ci avait été marqué par un recul surprise de 0,1%, entraîné là aussi par la baisse des prix des carburants.

Ruissellement

Attention toutefois à ne pas se réjouir trop vite, préviennent les analystes. Une inflation à 2,3% “pourrait être le plus petit chiffre de 2025”, relève l’économiste de Nationwide Ben Ayers dans une note.

“Nous nous attendons à un bond du CPI cet été, à mesure que les coûts douaniers ruissellent jusqu’aux prix au niveau des consommateurs”, ajoute-t-il, s’attendant à voir l’indicateur dépasser 3%.

Actuellement, les distributeurs écoulent les stocks engrangés avant l’entrée en vigueur des droits de douane, ce qui décale dans le temps l’impact sur les étiquettes, souligne Ben Ayers. Les chiffres de l’inflation pour avril “ne changent pas notre avis selon lequel les forces désinflationnistes dues aux reculs des prix de l’énergie contribuent à masquer les frémissements d’inflation causés par les droits de douane plus élevés”, relève de son côté Ryan Sweet, économiste chez Oxford Economics.

“Cela ne sera plus le cas dans les prochains mois”, poursuit-il, soulignant que “le droit de douane moyen à l’entrée aux Etats-Unis reste l’un des plus hauts depuis les années 1930, et cela sera inflationniste”. Dans le détail, un indice sensible aux droits de douane, celui de l’équipement pour la maison, a augmenté (+1% sur un mois).

A l’inverse, observent les analystes de Pantheon Macroeconomics, “l’incertitude et le plongeon de la confiance des consommateurs en raison des droits de douane a continué de peser sur les prix des services non essentiels”, comme les billets d’avion, qui ont continué de flancher (-2,8% en avril après -5,3% en mars).

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