Des cris et des injures : la rencontre entre Trump et Zelensky aurait été beaucoup plus chaotique qu’annoncé

Volodymyr Zelensky et Donald TRUMP - to the US Photo:The Presential Office of Ukraine via Belga Image
Baptiste Lambert

Selon plusieurs sources américaines et européennes, l’entretien à la Maison-Blanche aurait viré à l’affrontement verbal. Donald Trump et Vladimir Poutine aurait retrouvé une proximité inquiétante pour l’Ukraine. “L’économie russe se porte bien”, aurait même lâché le locataire du Bureau ovale durant l’entretien.

Vendredi, la Maison-Blanche assurait que la rencontre entre Donald Trump et Volodymyr Zelenski s’était déroulée dans un climat « franc et constructif ». La réalité serait tout autre. Selon des informations du Financial Times CNN et Axios, confirmées par plusieurs responsables européens, la réunion aurait dégénéré à plusieurs reprises en « échanges de cris » ponctués « d’injures et de menaces ».

Trump aurait notamment exhorté son homologue ukrainien à « accepter les conditions de Poutine » sous peine d’être « détruit » par la Russie. Une phrase que plusieurs témoins de la scène attribuent directement au président américain. Dans la salle Roosevelt, le ton est monté lorsque Zelensky a présenté des cartes du front ukrainien et des cibles stratégiques russes. Trump les aurait balayées d’un revers de main, déclarant en avoir « assez de ces cartes » et reprenant mot pour mot les éléments de langage du Kremlin sur une prétendue « opération spéciale » et non une guerre.

« Si Poutine le veut, il vous détruira »

L’épisode marque un tournant. Trump, qui a récemment retrouvé un canal de communication régulier avec Vladimir Poutine, semble désormais endosser ses positions les plus maximalistes. D’après un haut fonctionnaire européen cité par le quotidien économique britannique, l’ancien président aurait assuré que « Poutine veut la paix », tout en expliquant que « le Donbass doit être cédé » pour y parvenir. Il aurait ajouté : « Si [Poutine] le veut, il vous détruira. »

Zelensky, visiblement abasourdi, aurait tenté de ramener la discussion sur la fourniture de missiles Tomahawk, que l’Ukraine réclame depuis des mois. Trump a refusé catégoriquement, arguant qu’il n’avait « pas l’intention de prolonger la guerre ». Le président ukrainien a quitté la Maison-Blanche après deux heures et demie d’un entretien jugé « glacial » par des proches de la délégation.

Une rhétorique de plus en plus alignée sur Moscou

Le lendemain, sur Truth Social, Donald Trump a publié un message qualifiant la rencontre de « très intéressante et cordiale », tout en plaidant pour un « accord immédiat » entre Kiev et Moscou : « Il est temps d’arrêter la tuerie. Laissons-les clamer victoire tous les deux. Que l’histoire décide. »

Cette rhétorique, quasi identique à celle de Vladimir Poutine, alarme les capitales européennes. « C’est la première fois que le président américain reprend mot pour mot les formules du Kremlin », observe un diplomate de l’Union européenne sous couvert d’anonymat. Plusieurs chancelleries s’inquiètent désormais d’un « basculement idéologique » du président américain, déjà attendu à Budapest pour une rencontre avec Poutine dans les deux semaines.

L’Ukraine isolée, l’Europe sous pression

À Kiev, la réaction a été mesurée. Zelensky s’est dit « réaliste » sur la possibilité d’obtenir des missiles américains, tout en affirmant que « la Russie a peur des Tomahawk ». Le président ukrainien a immédiatement contacté ses alliés européens après la réunion. Mais l’impression dominante reste celle d’une désillusion. « Le soutien américain s’effrite, et Trump ne s’en cache plus », confie un conseiller proche de la présidence ukrainienne.

Les partenaires européens se préparent désormais à une recomposition stratégique : l’Union européenne devra assumer une part croissante de l’aide militaire et financière à l’Ukraine, dans un contexte où Washington semble s’en désengager.

« Si la Maison-Blanche s’aligne sur Moscou, l’Europe n’aura plus le choix que d’assumer seule le coût politique et budgétaire de la guerre », résume un diplomate français à Bruxelles. L’économie russe, elle, “se porte très bien”, a clamé Donald Trump lors de la réunion. Ce qui contraste fortement avec ses récentes déclarations.

Une diplomatie de rapport de force

La scène résume bien la méthode Trump : brutalité, chantage et théâtralisation. Elle illustre aussi, une nouvelle fois, sa capacité a complètement changé de position selon les coups de fil du Kremlin.

Donald appelle aujourd’hui à geler la ligne de front telle qu’elle est aujourd’hui. Zelensky, lui, se dit prêt à se présenter à une réunion à trois, à Budapest, lors d’un nouveau sommet Trump – Poutine.

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