De Nancy Pelosi à George Clooney, les appels à la démission de Joe Biden se multiplient  

La pression monte sur Joe Biden. Sa candidature à la présidence américaine fait l’objet de sérieux doutes depuis sa prestation calamiteuse lors du premier débat présidentiel fin juin sur la chaîne CNN. De nombreux appels à la démission émanent de voix éminentes du parti démocrate et d’autres personnalités.  

Un premier sénateur démocrate a appelé directement Joe Biden à se retirer. Le sénateur du Vermont Peter Welch appelle le président américain à « se retirer de la course » à la Maison Blanche « pour le bien du pays », dans une opinion publiée ce mercredi 10 juillet dans le Washington Post. « Les derniers sondages montrent que le danger politique pour les démocrates grandit. Des Etats qui étaient jusqu’ici nos fiefs penchent désormais du côté républicain », avertit-il.

Les secousses viennent aussi d’Hollywood, traditionnel soutien des démocrates. Ce mercredi, dans une tribune publiée dans le prestigieux New York Times, et intitulée “J’aime Biden mais nous avons besoin d’un autre candidat“, l’acteur américain George Clooney, fervent démocrate très impliqué dans les levées de fonds pour le parti (28 millions de dollars), a aussi appelé le président à se retirer de la course à la présidentielle de novembre, face aux doutes sur son état de santé.

“Il ne peut pas gagner la bataille contre le temps”

George Clooney

“Les ténors démocrates (…), les sénateurs, les membres de la Chambre des représentants et les autres candidats qui risquent de perdre en novembre doivent demander à ce président de se retirer volontairement”, écrit-il dans le prestigieux quotidien américain. “Je crois en lui et en ses principes”, a poursuivi celui qui le considère comme son “ami”. “Ces quatre dernières années, il a remporté de nombreuses batailles. Mais il y en a une qu’il ne peut gagner: celle contre le temps.” 

L’acteur Michael Douglas s’est dit « très très inquiet » dans un talk-show, ajoutant que les arguments de Clooney étaient « valides ».

“Le temps presse”, pour Nancy Pelosi

Mais, c’est Nancy Pelosi, l’ancienne présidente de la Chambre des représentants et alliée de longue date de Biden, qui a donné le signal public le plus fort à ce jour que les démocrates restent divisés. L’une des plus grandes voix du Parti démocratea a suggéré dans une interview télévisée sur la chaine MSNBC ce 10 juillet que le président pourrait encore reconsidérer sa décision. “Le temps presse”, ajoutant qu’elle le soutiendrait “quoi qu’il décide”.  « C’est au président [Joe Biden] de décider s’il va se présenter » ou se retirer de la course à la Maison Blanche face aux doutes sur son état de santé, a affirmé la démocrate. « Nous l’encourageons tous à prendre cette décision», précise Nancy Pelosi.

Inquiétudes 

Les commentaires de Pelosi sont “emblématiques du jeu du chat et de la souris auquel beaucoup de démocrates jouent“, commente Catie Edmondson, correspondante du New York Times au Congrès. “Ils ont des inquiétudes quant à l’aptitude du président à se représenter, mais ils ne veulent pas être ceux qui lui disent ‘Monsieur le Président, veuillez-vous retirer’.” 

Catie Edmondson confie au média américain qu’elle entendait encore de nombreux démocrates “exprimer en privé de réelles craintes quant à la possibilité non seulement que Biden perde la Maison Blanche, mais qu’il entraîne également dans sa chute les démocrates en course pour la Chambre et le Sénat.” 

Parkinson?

La candidature du démocrate de 81 ans fait l’objet de doutes depuis sa prestation calamiteuse lors du premier débat présidentiel fin juin sur la chaîne CNN. Entre mots avalés, phrases inachevées et expression hagarde, cette contre-performance a ébranlé ses partisans et fait réagir les médias. Le lendemain, le New York Times avait déjà appelé, dans son éditorial, l’actuel président à “quitter la course” pour “servir le pays”. Des membres du Parti démocrate ont aussi questionné publiquement la capacité de Joe Biden à assumer un nouveau mandat. Le 2 juillet, le démocrate Lloyd Doggett a été le premier parlementaire à appeler Joe Biden à se retirer de la course à la présidentielle. 

Lundi, le New York Times a révélé qu’un spécialiste de la maladie de Parkinson avait été reçu huit fois en huit mois à la Maison Blanche, entre l’été 2023 et ce printemps. “Le président (Joe Biden) est-il traité pour la maladie de Parkinson? Non. (…) Prend-il des médicaments contre la maladie de Parkinson? Non”, avait contre-attaqué dans la foulée sa porte-parole Karine Jean-Pierre. De son côté, Joe Biden tente de rassurer. Il s’est ainsi montré plus offensif le 5 juillet dans le Wisconsin, un Etat-clé de la région des Grands Lacs. Biden n’a toutefois pas réussi à calmer les sceptiques au sein de son propre camp démocrate, même si la grande majorité des législateurs démocrates ont refusé de se désolidariser de lui.

President Joe Biden (Photo by Michael M. Santiago/Getty Images)

Le problème, en l’occurrence, est que le démocrate estime avoir pris sa décision. A plusieurs reprises, il a rejeté les suggestions d’abandonner sa campagne. Dans une missive adressée aux élus démocrates du Congrès lundi, Joe Biden a de nouveau fermé la porte à tout retrait. « En dépit des spéculations dans la presse et ailleurs, je suis fermement décidé à rester en course », écrit-il. « Tout affaiblissement de la détermination [du camp démocrate] ou tout manque de clarté quant à la tâche qui nous attend ne fait qu’aider Trump et nous nuire. Il est temps de se rassembler », poursuit-il.

Une conférence de presse fort attendue ce jeudi

Plusieurs démocrates au Capitole implorent Biden de faire davantage de sorties en public afin de convaincre l’opinion qu’il est encore capable d’être président.

Une opportunité pour Biden de montrer qu’il possède encore toute sa vivacité mentale se présentera ce jeudi. Il tiendra une conférence de presse lors du sommet de l’OTAN à Washington (A 17H30 locales (23H30 à Bruxelles). Joe Biden n’affectionne pas ce genre de prise de parole. Lors de ce test redoutable pour sa candidature à la présidentielle, il devra avoir de la répartie, s’exprimer clairement, d’une voix assurée, sans notes et sans prompteur. Une apparition fort attendue et qui sera certainement fort commentée.

Ce sera “une conférence de presse de grand garçon“, promet la Maison Blanche via Karine Jean-Pierre, sa porte-parole. Cette expression curieuse vise sans doute à distinguer ce rendez-vous des courtes séances de questions/réponses bien balisées auxquelles le président américain se prête généralement en compagnie des dirigeants étrangers qu’il reçoit, et lors desquelles quatre journalistes au total, désignés à l’avance, posent des questions, analyse la RTBF. Une interview lundi sur la chaîne NBC permettra aussi de jauger sa capacité à rester dans la course à la Maison Blanche.

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