Christine Lagarde: les représailles commerciales sont mauvaises pour l’économie mondiale
Dans un entretien avec Martin Wolf, l’économiste en chef du Financial Times, la présidente de la BCE rappelle que l’inflation est proche de 2%, mais craint que la politique commerciale américaine n’amène un cycle de représailles délétère. Elle conseille à l’Europe de négocier.
Le 12 décembre, la Banque centrale européenne (BCE) a une nouvelle fois réduit de 25 points de base ses trois taux directeurs, faisant passer le taux d’intérêt de la facilité de dépôt à 3%, le taux des opérations principales de refinancement à 3,15% et le taux de la facilité de prêt marginal à 3,40%.
Proche de l’objectif
Cette quatrième baisse des taux de la BCE réalisée en 2024 s’est aussi accompagnée d’un changement dans les commentaires qui accompagnaient ces décisions jusqu’ici. La BCE a en effet abandonné le message selon lequel elle doit « maintenir les taux directeurs à un niveau suffisamment restrictif aussi longtemps que nécessaire ».
Dans un entretien avec le journaliste du Financial Times Martin Wolf paru ce lundi, Christine Lagarde a confirmé que sur le plan de l’inflation, les choses allaient en effet bien mieux.
« Nous sommes très proches du moment où nous pourrons déclarer que nous avons durablement ramené l’inflation à notre objectif à moyen terme de 2% », a-t-elle dit. Mais elle a insisté aussi sur le fait qu’il subsistait une tension dans le secteur des services. « Vous savez, la dernière estimation de l’inflation est de 2,2%. Mais l’inflation des services est toujours de 3,9 % et ne bouge pas beaucoup. Elle oscille autour de 4%. »
« Il faut s’adapter »
La grande inquiétude, cependant, concerne la politique commerciale des Etats-Unis, enclenchant un cycle de représailles et une guerre commerciale. « J’ai dit que les représailles étaient une mauvaise approche parce que je pense que les restrictions commerciales globales suivies de représailles et cette façon conflictuelle de traiter le commerce sont tout simplement mauvaises pour l’économie mondiale dans son ensemble. Et, vous savez, cela pourrait aussi s’avérer mauvais pour l’économie américaine. »
Christine Lagarde ajoute : « Je pense donc qu’il faut toujours s’adapter. Il faut s’adapter aux personnes qui sont de l’autre côté de la table, surtout lorsqu’il s’agit d’un très grand acteur. Et lorsque cet acteur a une approche transactionnelle, je pense que vous devez adapter votre jeu et identifier vos points forts, les améliorer si vous le pouvez. Identifier les faiblesses de l’autre partie, et il y en a. Ensuite, il faut entrer dans la négociation. Et je suis sûr que c’est ce qui se passera. »
Vous avez repéré une erreur ou disposez de plus d’infos? Signalez-le ici