Chaos imminent : les sombres prédictions pour l’Afrique en 2024

UNE RÉFUGIÉE du camp Um Rakuna, sur la frontière soudanaise, ayant fui avec son enfant les combats au Tigré. © REUTERS

Guerres, coups d’Etat, sécessions, terrorisme… L’avenir s’annonce sombre au Sahel, la région la plus touchée par les conflits dans le monde.

Si l’on trace une ligne au sud du Sahara à travers tout le continent, on pointe non seulement toute une série de pays dirigés par des juntes mais aussi la région la plus touchée par les conflits dans le monde. Combats djihadistes, banditisme rampant, guerre civile, conflit ethnique… : le Sahel additionne les différends. Et la dévastation est choquante. En 2022, plus de 10.000 personnes avaient été tuées dans des conflits armés au Mali, au Niger et au Burkina Faso, un chiffre déjà dépassé en septembre 2023… Dans le nord du Nigeria, plus de 7.000 personnes ont été tuées en 2022. Et en cinq mois de conflit au Soudan, plus de 9.000 personnes ont été massacrées. Une estimation prudente du nombre de personnes forcées de quitter leur foyer dans la région – à l’exclusion de la Somalie – s’élève à 15 millions de personnes.

Si la violence s’étend en 2024, il faut s’attendre à ce que le chaos fasse de même.

En 2024, les armes ne se tairont pas soudainement. Le conflit dans le Sahel central, dans lequel des djihadistes liés à Al-Qaida et à l’Etat islamique attaquent des civils et se battent contre les forces gouvernementales et entre eux, deviendra probablement encore plus violent. Les djihadistes voient dans le récent coup d’Etat au Niger une chance de gagner du terrain sur une armée distraite. Au Burkina Faso, la stratégie de “guerre totale” du gouvernement, qui consiste à armer des dizaines de milliers d’hommes, s’enfonce déjà dans le chaos et provoque des massacres ethniques. Au Mali, plus de 10.000 soldats de l’Onu quitteront le pays d’ici à la fin de l’année 2023 car on leur reproche de ne pas avoir réussi à stopper les djihadistes. L’accord de paix qu’ils avaient contribué à maintenir entre le gouvernement et les séparatistes touaregs est déjà en train de s’effondrer et se transforme en guerre ouverte.

Ennuis cumulés

Au Soudan, de nouveaux affrontements sont presque certains entre les forces armées soudanaises et les Forces de soutien rapide, tout comme l’épuration ethnique au Darfour. Dans les deux cas, au moins, les dirigeants sont clairs et laissent entrevoir la possibilité même lointaine d’un accord de paix, ce qui se révèle en revanche impossible à imaginer dans les conflits djihadistes qui se déroulent dans d’autres régions.

Bien que la plupart de ces conflits soient distincts, certains pays, comme le Niger, cumulent plusieurs d’entre eux. Et certaines guerres s’étendent. En Ethiopie, les combats entre la région du Tigré et le gouvernement ont officiellement pris fin, mais les affrontements avec d’autres groupes ethniques semblent s’intensifier. Des Etats comme le Bénin et le Togo subissent déjà des attaques de djihadistes venus du Burkina Faso.

Toute cette violence s’est accompagnée d’un chaos politique qui s’est traduit récemment par des coups d’Etat au Mali, au Burkina Faso, au Niger, au Tchad et au Soudan. Si la violence s’étend en 2024, il faut s’attendre à ce que le chaos fasse de même.

Traduit de “The World in 2024”, supplément de “The Economist”.

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