Changement de tactique ? L’Ukraine frappe de plus en plus la Russie via son pétrole et son gaz
Avec trois attaques en une semaine, l’Ukraine semble avoir fait des exportations de pétrole et de gaz russe une cible militaire prioritaire. Ce ne serait qu’un début puisque ces infrastructures seraient particulièrement vulnérables.
Après l’échec de sa contre-offensive estivale et confrontée à une nouvelle campagne de bombardements russes, l’Ukraine multiplie les frappes en territoire russe. Elle semble viser particulièrement les sites industriels et plus particulièrement ceux qui traitent le pétrole ou le gaz. Par trois fois cette semaine des drones ukrainiens s’en sont pris à des installations pétrolières russes. Des attaques avec peu de moyens, mais un maximum d’effet. Car avec ses attaques l’Ukraine frappe la Russie militairement, mais surtout économiquement. Moscou tire en effet 30% de ses revenus des exportations de pétrole. Malgré les sanctions occidentales, il reste donc une très importante source de revenus. Empêcher temporairement les livraisons ou même simplement les compliquer pourrait avoir de lourdes conséquences économiques. Mais pas seulement puisque les armées de Poutine ont-elles aussi besoin de carburant.
Des cibles étrangement fragiles
Avec les gazoducs fermés vers l’Europe, un très limité vers la Chine et aucun vers l’Inde, la Russie n’a d’autre choix que de passer par la mer. Cette option a cependant aussi ses limites et sans réelle alternative. Si la Russie possède six gros ports pétroliers, seuls trois ports sont véritablement intéressants et connectés par oléoducs aux riches gisements de Sibérie occidentale. Il y a les deux ports de la Baltique – Oust-Louga, près de Saint-Pétersbourg et Primorsk – qui se chargent de 40% des exportations de pétrole et celui de Novorossiïsk sur la mer Noire.
Problème, ceux-ci semblent vulnérables aux drones ukrainiens comme l’ont démontré les attaques des derniers jours. Même Oust-Louga à quelque 900 km de la frontière ukrainienne ne semble pas épargné comme l’a montré l’attaque contre terminal gazier géré par l’entreprise Novatek.
Des attaques comme celle qui a eu lieu contre la raffinerie de pétrole à Touapsé, à l’est de la péninsule de Crimée, montrent aussi l’incapacité de la Russie à sécuriser ses installations. Car si les Ukrainiens sont capables d’atteindre cette ville, cela veut dire qu’ils peuvent aussi viser Sotchi (qui n’est qu’à 120 kilomètres) et Novorossiïsk. Or ce dernier n’est pas qu’un port pétrolier, c’est aussi le quartier général de la flotte russe. C’est d’autant plus inquiétant que si les drones ne sont pas à l’origine de grosses attaques, ils n’en font pas moins d’importants dégâts. L’attaque de Novatek et l’incendie qui a suivi vont mettre cette usine à l’arrêt pour quelques semaines, voire des mois. De quoi gripper, même partiellement, les livraisons.
Ces attaques semblent avoir réveillé Moscou qui aurait renforcé sa défense aérienne autour de ses ports. Ainsi plus question, comme cela a encore été le cas cette semaine, de déplacer la défense aérienne pour protéger la maison de campagne de Poutine sur le lac Valdaï, à 500 kilomètres au sud-est.
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