Ce nouveau mégaport chinois au Pérou donne des sueurs froides aux USA

Chancay © getty

Le mégaport de Chancay, nouveau point stratégique du commerce international chinois, sera inauguré à l’automne 2024. Il donne des sueurs froides aux États-Unis et pourrait bien provoquer de nouvelles tensions économiques et géopolitiques.

Dans le cadre des nouvelles routes de la soie, la Chine étant son emprise sur de nombreux ports à travers le monde. Si Zeebrugge et Anvers ne sont pas épargnés, les cas les plus emblématiques sont Athènes, Hambourg, Dunkerque et dès cet automne le Pérou. Les travaux du port de Chançay situé à 60 kilomètres au nord de Lima ont été lancés en 2019. Le méga port devrait être inauguré cet automne, en novembre. Ce port en eaux profondes devra en principe pouvoir accueillir les plus gros porte-conteneurs au monde, soit des navires de 400 mètres de long et transportant jusqu’à 18 000 conteneurs.

3,5 milliards de dollars

Les coûts estimés à 3,5 milliards de dollars ont été largement couverts par le conglomérat public chinois « Cosco Shipping ». Et cela ne doit rien au hasard puisque ce nouveau hub stratégique permettra un accès beaucoup plus direct au marché sud-américain. En réduisant de dix jours le temps de transit vers Shanghai, Chancay pourrait rapidement devenir un hub logistique essentiel pour les échanges sino-latins tout en réduisant significativement les coûts de transport.

C’est aussi une bonne nouvelle pour le Pérou se mue en pays incontournable du commerce maritime en Amérique du Sud. De quoi balayer les protestations locales qui dénoncent la pollution et la dégradation du secteur de la pêche, pourtant principal secteur d’activité de Chancay. Qu’importe aussi le mécontentement du Chili et surtout des États-Unis qui regardent ce projet et l’intrusion de la Chine sur le continent sud-américain d’un œil plus que méfiant. Car cette implémentation a non seulement des implications économiques, mais de potentielles conséquences militaires. Pour les États-Unis, cette nouvelle infrastructure constitue en effet une menace stratégique majeure.

Un accès direct aux matières premières critiques

Notamment en facilitant l’accès aux ressources naturelles de l’Amérique latine, telles que le cuivre et le lithium. C’est en effet en Amérique Latine que l’on retrouve près de la moitié des réserves mondiales de lithium. Et, heureux hasard, il se trouve que la Chine possède déjà de nombreuses licences minières au Pérou, mais aussi en Bolivie, au Chili et en Équateur. De quoi sérieusement renforcer la position de la Chine dans le contrôle des matières premières critiques. D’autant plus que Pékin a encore consolidé sa position au Pérou en scellant un accord de libre-échange. Est aussi prévu : la construction d’un second port situé à San Juan de Marcona, dans le sud du pays. Une filiale de la société chinoise Jinzhao pourra exploiter exclusivement ce deuxième port pendant 30 ans.

Une autre crainte des États-Unis est le port pourrait avoir un usage militaire. C’est en effet Cosco qui en détient le contrôle exclusif. Rien n’empêche donc d’imaginer que, comme  Hambantota au Sri Lanka, il serve aussi discrètement de base de ravitaillement à des navires militaires chinois.

Tout cela fait de Chancay est le dernier exemple en date du fait que les États-Unis ne  parviennent pas à contenir l’expansion chinoise. En misant sur la concurrence pour les ressources stratégiques en Amérique latine, la Chine montre sa détermination. Et fait passer le message qu’elle ne craint pas de provoquer de nouvelles tensions économiques et géopolitiques entre les deux superpuissances.

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