Carl Icahn, la chute d’une légende de Wall Street
Carl Icahn était jusqu’il y a peu une légende. Mais mardi son entreprise a perdu un cinquième de sa valeur. Depuis, des milliards de dollars de valeur boursière se sont évaporés. Il doit sa chute à un rapport d’Hindenburg Research, un fonds d’investissement spécialisé dans la vente à découvert. Ou quand les vautours de Wall Street se déchiquettent entre eux.
Le multimilliardaire américain Carl Icahn n’a rien d’un enfant de chœur. En tant que “corporate raider” mondialement connu, il était même une des icônes de Wall Street. Sa spécialité est d’acheter suffisamment d’actions d’entreprises sous-évaluées pour pouvoir les forcer à changer de stratégie afin d’en augmenter leur valeur pour les actionnaires. Par exemple en faisant pression pour vendre des branches peu performantes ou en licenciant en masse. L’important était que le cours de l’action remonte rapidement. Qu’importe la stratégie à long terme. Dell, Herbalife Apple, eBay, Xerox, Yahoo ou encore McDonalds en ont fait les frais.
L’arroseur arrosé
Mais si le chasseur de profit sait attaquer, il semble avoir plus de mal à se défendre. Ou alors il est tombé sur plus fort que lui en la personne de Nate Anderson et sa société Hindenburg Research.
L’ironie de l’histoire c’est que, comme Carl Icahn, Anderson profite des faiblesses des entreprises dit De Standaard. À ceci près qu’il utilise la technique inverse. Le fonds d’investissement est en effet spécialisé dans la vente à découvert, le soit “short selling”. Une vente qui consiste à parier à la baisse contre une action. Nate Anderson gagne donc de l’argent en spéculant sur la baisse des actions surévaluées et tente de faire chuter leur prix le plus rapidement possible. Et sa dernière proie n’est rien d’autre que la Icahn Enterprises, dont l’action serait, selon Hindenburg Research, largement surévaluée. Dans un rapport publié mardi soir, Hindenburg Research accuse en effet la société Icahn Enterprises de surévaluer ses participations.
Elle aurait utilisé son aura pour tromper les investisseurs et s’appuierait sur une structure “de type Ponzi” pour le versement de dividendes particulièrement attractifs, toujours selon le rapport. Selon les calculs de Hindenburg, le prix de l’action aurait été délibérément gonflé et ne correspondrait pas aux flux de trésorerie de l’entreprise. C’est vrai que le dividende d’Icahn Enterprises affiche un insolent rendement brut de plus de 15%.
Toujours pour Hindenburg Research,”Icahn utilise l’argent de nouveaux investisseurs pour verser des dividendes aux anciens investisseurs.” Et le rapport de conclure que, « Icahn, une légende de Wall Street, a commis une erreur classique en s’endettant trop pour investir face à des pertes soutenues: une combinaison qui se termine rarement bien ».
L’effet d’une bombe
Sitôt sorti, le rapport va faire plonger l’action Icahn Enterprises à Wall Street. Mardi, l’entreprise aura perdu un cinquième de sa valeur et a vu sa capitalisation boursière chuter de façon spectaculaire. Le titre va même chuter de 35 % en deux séances. En deux jours, sa capitalisation boursière va tomber à un peu plus de 10 milliards de dollars.
Cela a un impact direct sur la fortune d’Icahn, puisqu’il détient (avec son fils) 85% des parts dans son holding. Selon Forbes, la fortune personnelle de Carl Icahn, était estimée à 17,5 milliards en début d’année. Elle ne s’élève plus qu’à 10,3 milliards de dollars. Ce sont donc des milliards qui se sont tout simplement évaporés.
Icahn n’est pas le premier milliardaire à subir l’effet Hindenburg. C’est aussi lui qui avait déclenché la gigantesque vague de vente sur les entreprises du milliardaire indien Gautam Adani.
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