Donald Trump brandit la menace de nouveaux droits de douane de 30 % sur les produits européens dès le 1er août, l’UE affiche son unité et se tient prête à répliquer. La Commission européenne a dressé ce lundi une liste de contre-mesures ciblant jusqu’à 72 milliards d’euros de biens américains.
L’Union européenne ne veut pas se laisser dicter la loi commerciale par Washington. Ce lundi 14 juillet, la Commission européenne a présenté aux ministres du Commerce des Vingt-Sept une liste de contre-mesures tarifaires d’un montant total de 72 milliards d’euros, en réaction à la menace américaine de surtaxe douanière, rapporte l’AFP.
La pression est montée d’un cran ce week-end, lorsque Donald Trump a annoncé son intention d’imposer, dès le 1er août, des droits de douane de 30 % sur toutes les importations européennes, faute d’accord commercial satisfaisant. Une déclaration brutale et unilatérale, qui s’inscrit dans la stratégie du président américain, soucieux d’apparaître comme le défenseur intraitable de l’industrie américaine.
Négociation et dissuasion
« Nous négocions d’abord, mais nous nous préparons en même temps », a déclaré à l’AFP Maros Sefcovic, commissaire européen au Commerce et négociateur en chef de l’UE dans ce bras de fer avec Washington. Une manière d’exprimer la double stratégie européenne : tendre la main, mais garder le poing fermé. Le commissaire slovaque a insisté sur l’unité des Vingt-Sept : « Les ministres ont adopté une position totalement unie sur la nécessité d’être prêts à réagir », a-t-il souligné. Le message est clair : si les États-Unis déclenchent une nouvelle guerre commerciale, l’Europe répondra coup pour coup.
72 milliards d’euros… et au-delà
La liste présentée n’épuise pas les marges de manœuvre de l’UE. Elle cible des produits américains emblématiques pour un montant de 72 milliards d’euros, mais pourrait encore s’élargir. “Tous les instruments restent sur la table”, a prévenu Sefcovic, laissant entendre que l’arsenal de ripostes n’est pas figé. En parallèle, une liste distincte de 21 milliards d’euros d’importations américaines reste également mobilisable. Elle concerne notamment les secteurs de l’acier et de l’aluminium, déjà visés par des mesures de rétorsion lors de précédents épisodes de tensions commerciales. Ces représailles sont pour l’heure suspendues, mais pourraient être réactivées à tout moment.
Que contient la liste de représailles ?
La liste précise des biens visés par l’UE n’a pas été rendue publique, mais selon les indications données par Maros Sefcovic et recoupées notamment par Bloomberg qui publie une liste de 206 pages, elle cible des produits américains emblématiques et vise à maximiser l’impact politique et économique, sans trop pénaliser les consommateurs ou les industriels européens.
Elle pourrait inclure :
- Produits agricoles : soja, maïs, viande de bœuf, jus d’orange.
- Biens industriels : machines, équipements électroniques, semi-conducteurs.
- Automobile et composants automobiles
- Aéronautique : avions et pièces détachées (Boeing)
- Textile, vêtements et chaussures
- Biens de consommation à forte valeur symbolique : Harley-Davidson, Levi’s, bourbon (déjà visés en 2018).
Une escalade risquée à double tranchant
Du côté européen, on espère encore éviter une confrontation ouverte. Les négociations doivent se poursuivre jusqu’à la date butoir du 1er août, avec des échanges programmés dès cette semaine entre les équipes de la Commission et les représentants américains. Mais la posture agressive de Donald Trump, combinée à la faiblesse de la conjoncture économique, fait craindre une escalade aux lourdes conséquences. La Banque centrale européenne, comme la Fed, redoute un effet domino sur l’investissement, la consommation et la stabilité des chaînes d’approvisionnement transatlantiques.