Bernard Keppenne (CBC) : “Les entreprises souffrent fortement et les banques sont de plus en plus prudentes”

Drapeau européen europe
Illustration © Getty Images
Sebastien Buron
Sebastien Buron Journaliste Trends-Tendances

Malgré la baisse des taux, les entreprises se montrent frileuses pour emprunter. Dans le même temps, “on assiste à un durcissement des conditions de prêt de la part des banques”, souligne l’économiste de CBC, commentant l’enquête trimestrielle publiée, hier, par la BCE sur l’évolution des crédits aux entreprises dans la zone euro.

Sale temps pour l’Europe. Alors que la bataille fait rage entre les grandes puissances, le Vieux Continent tourne de plus en plus au ralentit, voyant l’écart de richesse sans cesse se creuser avec son grand frère américain, incapable de bâtir des champions des nouvelles technologies, de la biotech et de l’intelligence artificielle. En témoignent les chiffres mensuels publiés par la BCE sur l’évolution des prêts aux ménages et aux entreprises, qui “font quasiment du surplace, malgré une petite amélioration”, note Bernard Keppenne.

Bernard Keppenne (CBC)

Que disent les chiffres publiés ce matin par la BCE ?

Ils montrent que le crédit aux entreprises n’a augmenté que de 1,1 % en décembre, contre 0,9 % en novembre. Même si ce sont les plus élevés depuis un an et demi, ce sont des niveaux qui restent extrêmement faibles, et qui confirment l’enquête publiée hier par la BCE à propos de la frilosité des entreprises et des restrictions des banques.

Frilosité des entreprises ?

C’est ce qui ressort clairement de l’étude de la BCE. Alors que cette dernière s’apprête à encore assouplir ses taux, les entreprises européennes ont réduit leurs dépenses d’investissement au cours du dernier trimestre 2024 et envisagent de moins investir durant le premier trimestre de 2025. L’incertitude sur la situation de l’économie mondiale pèse. Mais la France et l’Allemagne interpellent aussi. D’abord en raison d’une activité économique morose. Ensuite parce que la situation politique des deux pays n’est guère favorable non plus.

Et tout cela inquiète les banques, au point de les rendre nerveuses ?

Je ne dirais pas qu’elles deviennent nerveuses mais qu’elles se montrent plus attentives dans leur politique d’octroi de crédit eu égard à l’augmentation des faillites. Augmentation des faillites qui se marque en France et en Allemagne, mais aussi en Belgique. Selon les chiffres de Statbel publiés la semaine dernière, plus de 11.000 entreprises ont été déclarées en faillite l’an passé en Belgique. C’est 8 % de plus qu’en 2023. Et il s’agit du chiffre le plus élevé depuis 2013. D’où un durcissement des conditions de prêt vu la dégradation économique, en particulier à nouveau en Allemagne et en France.

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