Avec ou sans Mercosur, les entreprises belges s’offrent une virée promotionnelle au Brésil

Le président brésilien Luiz Inacio Lula da Silva.

La princesse Astrid sera au Brésil du 23 au 30 novembre avec, dans son sillage, quelque 170 entreprises et une délégation académique. Cette mission économique doit permettre à la Belgique d’initier ou de consolider des liens avec le monde entrepreneurial du Brésil, considéré comme la neuvième puissance économique mondiale.

Le cortège belge, comptant quelque 400 personnes, fera halte à Sao Paulo et Rio de Janeiro, les deux locomotives du pays. Certains grands noms de l’industrie belge, comme Solvay et UCB, sont déjà bien implantés dans cette nation d’Amérique latine et ce déplacement sera l’occasion de présenter à la princesse les prouesses réalisées par leurs filiales.

   Alors que l’Europe tente depuis de nombreuses années de conclure un accord avec l’union douanière du Mercosur (Brésil, Argentine, Paraguay, Uruguay et Bolivie), le Brésil reste une destination de choix pour le monde des affaires belge. “C’est un partenaire important, qu’il y ait accord entre l’UE et le Mercosur ou pas”, avance Gonzague Vannoorenberghe, professeur à l’UCL, spécialisé dans le commerce international.

Craintes infondées

Pour Bruno Henry de Frahan, professeur à la faculté de bioingénieur de l’UCL, les craintes du monde agricole belge et français à propos de cet accord ne sont pas fondées. Le texte prévoit un quota clair, autour de la viande bovine par exemple, estimé à 99.000 tonnes. Aujourd’hui, 180.000 tonnes de boeuf de ces pays, principalement l’Argentine, arrivent en Europe, avec des droits de douane. L’accord avec le Mercosur stipule qu’un maximum de 99.000 tonnes pourront être importées au sein de l’Union, sans droits de douane.

“La Commission européenne est très attentive à protéger le marché européen, pour le lait, l’huile d’olive et la viande bovine, notamment”, ajoute M. Henry de Frahan. “On se tire une balle dans le pied en ne signant pas cet accord. Si on ne saisit pas cette opportunité, on sera remplacé par d’autres à commencer par la Chine.”

   Et ce sera une partie du travail des entreprises belges présentes la semaine prochaine au Brésil: tenter de convaincre leurs homologues brésiliennes que l’herbe n’est pas forcément plus verte en Chine.

Un partenaire de choix

L’Empire du Milieu est devenu ces 20 dernières années un partenaire de choix pour le Brésil. La part des importations de produits chinois est passée de 5 à 23% de 2002 à 2023, au détriment même du marché local puisque la part avec les voisins du Mercosur a diminué de moitié, de 14 à 7%. Même scénario pour ce qui quitte le territoire brésilien: près d’un tiers vogue vers la Chine, là aussi une forte progression par rapport à il y a deux décennies.

   Les échanges avec l’Union européenne sont assez stables ces dernières années. L’UE est le deuxième partenaire du Brésil, mais loin derrière la Chine, avec 19% des importations et 14% des exportations. La Belgique se distingue dans les produits pharmaceutiques envoyés au Brésil, étant le troisième fournisseur derrière les Etats-Unis et l’Allemagne. Mais de manière générale, notre pays peine à s’inscrire dans le top 5 européen des partenaires commerciaux.

Café et oranges exportés vers la Belgique

   Si c’est le pharma made in Belgium qui s’impose au Brésil, nous engloutissons en retour une bonne quantité de produits agroalimentaires, un secteur qui représente 42% de toutes les exportations du Brésil. Le plus grand producteur de café au monde achemine ses grains dans le port d’Anvers, avant qu’ils ne soient commercialisés sur le marché européen.

Autre incontournable pour l’Européen sur la table de son petit-déjeuner: le jus d’orange, avec là aussi une pole position mondiale détenue par le Brésil. Deux des trois plus grands grossistes en jus d’orange, la multinationale Louis Dreyfus et le Brésilien Citrosuco, disposent d’un terminal dans le port de Gand. Ce jus est ensuite confié aux producteurs de boissons en Belgique et en Europe. “On pourrait donc dire que presque tous les jus de fruits que l’on boit en Europe proviennent de Gand”, commente la Fédération de l’industrie alimentaire belge (Fevia).

   Une quinzaine de membres de la Fevia prendront part à cette mission économique et espèrent ne pas passer à côté de ce gigantesque marché de quelque 215 millions de consommateurs. A ce jour, les produits à base de pommes de terre, les frites en tête, et les fruits et légumes transformés trouvent déjà preneurs au Brésil. Mais les producteurs de chocolat, gaufres et pain d’épices ont rempli leurs bagages de douceurs qui devraient faire succomber leurs interlocuteurs commerciaux.

Première mission au Brésil pour Astrid

   Ce déplacement constitue une première pour la princesse Astrid mais son frère Philippe, lorsqu’il était encore prince, a déjà effectué trois voyages similaires au Brésil: en 1999, 2005 et 2010. Depuis, c’est le calme plat.

Le retour à la présidence de Lula l’an dernier, après un premier passage de 2003 à 2011, et la présence brésilienne sur la scène internationale ont probablement poussé les entreprises belges à venir y promouvoir leurs produits. La première économie du continent sud-américain est en effet le théâtre de grands événements internationaux comme le sommet du G20 cette semaine ou la prochaine conférence sur le climat (COP30) à Belem en novembre 2025.

Partner Content