Attaque massive de la Russie sur le réseau énergétique ukrainien
La Russie a lancé le jour de Noël plus de 70 missiles et plus de 100 drones explosifs sur l’Ukraine avec son système énergétique pour cible, a déclaré le président ukrainien Volodymyr Zelensky, dénonçant une attaque “inhumaine” de la part de son homologue russe Vladimir Poutine
“Aujourd’hui Poutine a consciemment choisi Noël pour son attaque. Qu’est-ce qui peut être plus inhumain?” a lancé M. Zelensky sur Telegram. “Plus de 50 missiles” et une partie de drones ont pu être abattus mais certaines frappes ont entraîné “des coupures du courant dans plusieurs régions”, a-t-il ajouté. L’attaque a fait au moins un mort et au moins six blessés, ont indiqué les autorités.
Depuis le début de son invasion de l’Ukraine en février 2022, la Russie bombarde régulièrement le réseau électrique de son voisin plongeant dans le noir et dans le froid des centaines de milliers, voire des millions de personnes, souvent par des températures hivernales. Le groupe DTEK, principal fournisseur privé d’énergie du pays, a déclaré mercredi que ses centrales thermiques avaient été visées par cette nouvelle attaque, signalant de “graves dommages” pour leur équipement.
“C’est déjà la treizième attaque massive contre le système énergétique ukrainien cette année”, a déclaré DTEK dans un communiqué.”Priver de lumière et de chaleur des millions de personnes pacifiques qui célèbrent Noël est un acte dépravé et maléfique auquel il faut répondre”, a lancé sur X le PDG de DTEK, Maxime Timtchenko en appelant les alliés de Kiev à fournir davantage de moyens de défense aérienne. Une alerte aérienne a été déclenchée sur tout le territoire ukrainien mercredi à l’aube, alors que l’armée de l’air a fait état de lancements de missiles balistiques et de croisière russes.
Les autorités de Kharkiv, deuxième ville du pays située dans le nord-est, près de la frontière russe, ont fait état d'”au moins sept frappes” sur cette localité. Au moins six personnes ont été blessées a annoncé le gouverneur régional Oleg Synegoubov sur Telegram. La région de Dnipropetrovsk (centre-est) a également été attaquée. Des explosions ont notamment retenti dans la capitale, Dnipro, et à Kryvyï Rig, ville natale du président Zelensky. “Une personne a été tuée à la suite de l’attaque de missiles contre des sites énergétiques”, a indiqué le gouverneur régional Serguiï Lyssak.
Coupures de courant
L’administration régionale d’Ivano-Frankivsk a annoncé de son côté qu’une partie de ce territoire, situé dans l’ouest du pays, à des centaines de kilomètres de la ligne de front, était privée du courant. Dans la région de Poltava (centre), les autorités ont fait état d’infrastructures endommagées.
La compagnie nationale d’électricité, Ukrenergo, a ensuite annoncé des restrictions d’approvisionnement. “L’ennemi attaque à nouveau massivement le secteur de l’énergie” et les autorités prennent “les mesures nécessaires pour limiter la consommation afin de minimiser les conséquences négatives pour le système énergétique”, a écrit sur Telegram le ministre ukrainien de l’Energie, German Galouchtchenko.
La Moldavie a pour sa part “confirmé une violation” même si les radars de l’armée n’ont pas détecté le missile, “la Russie faisant délibérément voler ces engins à une altitude très basse pour éviter toute détection”, selon une porte-parole de la présidence interrogée par l’AFP. La présidente Maia Sandu a exprimé sa solidarité avec l’Ukraine.
Défilé de Noël
Les attaques de mercredi surviennent le jour où l’Ukraine, pour la deuxième fois de son histoire moderne, célèbre le jour de Noël le 25 décembre, comme dans le monde occidental, et non plus le 7 janvier qui correspond au 25 décembre de l’ancien calendrier julien toujours suivi par l’Eglise orthodoxe russe pour les fêtes religieuses.
Ce changement avait été officialisé par Kiev durant l’été 2023, pour se démarquer de la Russie. Entre 2017 et 2022, l’Ukraine avait déjà célébré cette fête le 25 décembre et le 7 janvier.
A l’occasion de la fête, près de 200 Ukrainiens, adultes et enfants portant des costumes traditionnels, ont défilé mercredi dans le centre de Kiev chantant des chants de Noël.
“Avec cette marche, nous montrons que nous ne nous laisserons pas décourager” par la Russie et défendront “notre indépendance”, a déclaré à l’AFP une des participantes, Bogdana Kouïevoda, 30 ans.
“C’est un mouvement du peuple que ni les ruskofs, ni Poutine n’arrêteront”, a renchéri Volodymyr Gonsky, 58 ans.
L’Ukraine et la Russie ont intensifié leurs frappes ces derniers mois et veulent tout faire pour renforcer leurs positions avant le retour à la Maison Blanche de Donald Trump en janvier, le président américain élu ayant dit vouloir arrêter “le carnage” dès sa prise de fonction.
L’armée russe, qui progresse rapidement ces derniers mois dans l’est de l’Ukraine, tente d’accélérer encore sa marche en avant.
Mercredi, le ministère de la Défense a revendiqué la prise du village de Vidrodjennia, tout près de Pokrovsk, noeud logistique clé pour l’armée ukrainienne.