Après le sommet de l’OTAN, un gouffre financier pour la Belgique ou un jeu de dupes ?

Dick Schoof, Bart De Wever et Mark Rutte - BELGA PHOTO ERIC LALMAND
Baptiste Lambert

C’est donc acté. Les membres de l’Alliance atlantique ont promis de porter leurs dépenses militaires à 5% du PIB. “Une énorme victoire pour les États-Unis”, s’est félicité Donald Trump. Pour la Belgique, c’est un gouffre pour les finances publiques, malgré les quelques éléments de flexibilité obtenus. À moins que tout cela ne soit un grand jeu de dupes.

VRP de luxe ou larbin stratégique ? Chacun jugera le comportement de Mark Rutte, le secrétaire général de l’OTAN, qui, la veille du sommet à La Haye, envoyait une série de messages dithyrambiques au locataire de la Maison Blanche, tant pour flatter son égo que pour ne pas l’énerver. À son décollage vers la capitale néerlandaise, le républicain venait tout juste de pousser une gueulante contre Israël et l’Iran.

La flagornerie a continué le soir, lors du diner de Gala, et même la nuit, lorsque Donald Trump fut logé au Palais royal, alors que les autres chefs d’État et de gouvernement étaient priés de retourner dormir à l’hôtel.

Aujourd’hui, jour du sommet, personne n’est revenu sur ses déclarations de la veille. Le président américain avait une nouvelle fois mis dans la balance l’article 5 – celui de la défense mutuelle – contre l’obligation pour chaque État de porter ses dépenses militaires à 5% du PIB. Ne pas l’énerver. Surtout.

3,5% + 1,5%

Et comme c’était entendu, les alliés de l’OTAN ont obtempéré aux revendications présidentielles. Ce sera 5% : 3,5% de dépenses militaires et 1,5% de dépenses de sécurité, au sens large.

Pour notre pays, c’est un gouffre. On vient à peine de franchir la barre précédente des 2%. Et encore, le gouvernement fédéral doit toujours trouver 3,7 milliards d’euros pour cette année. “On n’a toujours pas le début d’un euro”, avait reconnu Georges-Louis Bouchez, dans Le Soir, il y a quelques jours, lorsqu’il critiquait l’objectif “hystérique” des 5%.

En 2025, on dépensera 12 milliards d’euros pour la défense. En 2035, on devrait être plus proche des 22 milliards d’euros par an, en ne tenant compte que de l’objectif des dépenses militaires, à 3,5%, la norme qui compte vraiment.

Les flexibilités

Je pense que 3,5 % d’ici à 10 ans est un objectif réaliste. Il ne sera pas facile de l’atteindre, mais c’est ce que l’Otan a jugé nécessaire”, a déclaré le Premier ministre Bart De Wever. 10 ans, c’est le délai qu’a pu obtenir la Belgique. Ce n’était pas garanti. D’autres États voulaient faire cet effort en 7 ans.

Ensuite, autre flexibilité obtenue, une révision aura lieu en 2029. Pour faire l’état des lieux. Certains espèrent sans doute que d’ici là, le contexte géopolitique aura changé et que le locataire de la Maison Blanche sera proche de la sortie.

Jeu de dupes

C’est tout le jeu de dupes de ce sommet et de cet objectif de 5%. On évite à court terme les foudres de Donald Trump, on fait plaisir à ceux qui veulent réarmer l’Europe jusqu’à la déraison, mais on porte l’objectif à long terme, avec la certitude que le président américain ne sera plus là.

À cet égard, la Belgique a joué ce double jeu. Elle a fait bonne figure au Sommet de l’OTAN en rentrant dans le rang, au contraire de l’Espagne, mais la veille, en kern, l’Arizona n’a pas validé l’objectif de 5%, mais celui de 2% en 2033 et 2,5% en 2034 (même si cela signifie tout de même 34 milliards d’euros en plus pour la défense).

C’est notre côté larbin stratégique. D’ailleurs, Donald Trump ne nous a pas trop remarqués, au contraire de l’Espagne, à qui il a promis de “faire payer le double”, dans sa guerre tarifaire.

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