Les droits de douane à l’importation du président américain Donald Trump, d’un niveau historiquement élevé, ont provoqué de fortes turbulences sur les marchés financiers et dans le système commercial mondial au début de ce mois d’avril.
Wall Street et les marchés boursiers européens ont ainsi connu leur pire journée en cinq ans après l’annonce faite le “jour de la libération”, le 2 avril. Après un revirement remarquable du président, une pause de 90 jours a finalement été accordée à des dizaines de pays et la tempête s’est provisoirement apaisée.
Le président Trump, qui fêtera le 29 avril ses 100 premiers jours à la présidence, est convaincu que les droits de douane sur les marchandises sont nécessaires pour combler le déficit commercial des États-Unis. Il accuse les partenaires commerciaux de “concurrence déloyale” grâce à laquelle ils “volent” les richesses du pays. Le rival chinois n’a pas été le seul à souffrir, des alliés traditionnels comme le Canada et l’Union européenne se sont également retrouvés dans le collimateur du milliardaire. Au total, plus de 100 pays se sont vus imposer des droits de douane supplémentaires. Pour certains pays, il s’agissait même de droits d’importation de 50%.
Pour calculer les droits de douane, l’administration Trump a utilisé une formule simple : le déficit commercial divisé par la valeur totale de toutes les importations en provenance d’un pays donné, divisé par deux (parce que le président américain a déclaré qu’il voulait toujours être “amical”, malgré la démarche). Cette formule contredit cependant l’affirmation selon laquelle ces tarifs douaniers sont “réciproques”. Les pays avec lesquels les États-Unis ont un excédent commercial se sont en outre également vu imposer un prélèvement de 10%. Même les îles inhabitées Heard et MacDonald n’ont pas échappé aux droits d’importation…
Un tarif universel
L’annonce de ces “tarifs douaniers réciproques” le 2 avril a provoqué une onde de choc sur les marchés financiers du monde. À l’origine, le président américain et ses plus proches collaborateurs avaient affirmé haut et fort que ces taxes ne seraient pas supprimées. Après que les marchés boursiers et le dollar eurent plongé et que le taux d’intérêt de la dette américaine eurent grimpé en flèche, le président américain a cependant changé son fusil d’épaule le 9 avril. Tous les droits de douane ont été suspendus et remplacés par un tarif universel de 10%. Des exemptions ont également été prévues pour plusieurs produits électroniques, tels que les puces, les smartphones et les ordinateurs portables.
La Chine fait toutefois figure d’exception. La deuxième économie mondiale a en effet été la seule à être très durement touchée. Le 1er février, Donald Trump avait d’abord introduit une première taxe à l’importation de 10% au motif que le pays ne faisait pas assez pour réduire les importations de fentanyl aux États-Unis. Ces droits avaient ensuite été portés à 20% un mois plus tard. Le “jour de la libération”, 34% supplémentaires ont été ajoutés.
La Chine a riposté par des prélèvements similaires malgré les mises en garde du président américain à ne pas agir de la sorte, ce qui a entraîné une hausse continue des droits de douane, qui sont passés de 84 à 125%, puis à 145%. Pékin prélève à son tour 125% sur les produits américains. Ce faisant, elle a également annoncé qu’elle ne répondrait plus à de nouvelles augmentations, car “aux niveaux actuels des droits de douane, il n’y a plus aucune possibilité de commercialiser les produits américains exportés vers la Chine”. Toutefois, la Chine a commencé à serrer les vis dans d’autres domaines. Elle a notamment interrompu les exportations de terres rares, une matière première essentielle pour les missiles et les voitures électriques, entre autres, et stoppé toutes les livraisons d’avions Boeing.
Le Mexique et le Canada, partenaires commerciaux importants des États-Unis en plus d’être leurs voisins, ont été largement épargnés par le chaos douanier. À deux reprises, ces deux pays se sont vu imposer brièvement des droits de douane de 25% pour ne pas avoir suffisamment lutté contre le trafic de stupéfiants et d’êtres humains vers les États-Unis. À chaque fois, cependant, ils ont été rapidement suspendus (pour la plupart).
Outre les tarifs douaniers à l’importation imposés à certains pays, un prélèvement de 25% sur l’aluminium et l’acier et un même pourcentage sur les voitures et les pièces détachées s’appliquent pour l’instant.
Les craintes d’une récession augmentent
Les marchés boursiers ont peu goûté la volte-face de Donald Trump. L’optimisme initial qui avait suivi la réélection du milliardaire et son retour dans le bureau ovale s’est complètement évaporé au cours des dernières semaines. Globalement, les craintes d’une récession augmentent également. Pour le républicain, les droits de douane sont peut-être “le mot le plus gentil du dictionnaire”, mais de nombreux investisseurs pensent manifestement le contraire….
Quoi qu’il en soit, la politique commerciale chaotique de Donald Trump risque également de faire des vagues. En effet, certains sénateurs démocrates ont demandé au gendarme américain des marchés boursiers d’enquêter pour savoir si le président avait commis une infraction en encourageant les gens à acheter des actions peu de temps avant d’annoncer sa volte-face sur les droits de douane à l’importation. De son côté, l’État de Californie conteste juridiquement les droits de douane “illégaux” imposés au Canada, au Mexique et à la Chine.