Allemagne: la CDU forcée à une grande coalition face à la Russie et à l’extrême droite
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Le conservateur Friedrich Merz remporte les élections législatives, mais avec un score décevant de 28,5%. Il devra composer avec les socialistes et les verts. Un fameux défi, alors que l’Afd réalise un score historique, que le contexte géopolitique menace et que l’économie doit être revitalisée. L’Europe croise les doigts.
Friedrich Merz, chef de fil de la CDU-CSU allemande, avait la victoire modeste, dimanche soir. “Je suis conscient de l’ampleur de la tâche qui nous attend, a-t-il lancé devant ses partisans, mi-joyeux et mi-conscients de la gravité du moment. Je sais que cela ne sera pas facile. Il s’agit avant tout de recréer le plus rapidement possible un gouvernement capable d’agir en Allemagne, avec une bonne majorité parlementaire.”
Avec 28,5% des voix, les conservateurs remportent les élections législatives allemandes, mais ils n’ont pas atteint le seuil espéré (et promis par les sondages) des 30%. Les voilà donc forcés de composés avec d’autres partis, sans être en position de force.
Or, son leader ayant exclu toute coalition avec l’extrême droite, la CDU-CSU devra composer avec deux autres formations, laminées après leur participation à la coalition sortante: les socialistes du SPD et les écologistes Groenen. 16,4% pour les premiers, 11,6% pour les seconds: la sanction est forte, mais le contexte imposera une nouvelle prise de responsabilités.
Le frisson de l’extrême droite
Dans ce contexte, le résultat record de l’extrême droite est tout sauf une bonne nouvelle. Avec 20,8% des voix, l’Afd d’Alice Weidel explose le plafond de verre dans un pays pourtant traumatisé par le nazisme. Deuxième parti du pays, elle entre massivement au parlement fédéral: une nouvelle donne.
“Notre main sera toujours tendue pour une participation au gouvernement, pour mettre en œuvre la volonté du peuple’, a déclaré Alice Weidel. “Nous sommes désormais le centre”, a ironisé Tino Chrupalla, coprésident du parti. Soutenue par Elon Musk et le vice-président américain J.D. Vance, l’Afd est un parti dur, notamment sur la question migratoire.
Comme pour complexifier encore la position de la future grande coalition, l’extrême gauche fait également son retour: Die Linke a surpris tout le monde en captant 8,8% des voix, précisément en réponse à la menace d’extrême droite.
L’Europe croise les doigts
Le défi est majeur parce que l’Allemagne fait face à une crise importante de son modèle économique. Fin de l’énergie russe à bon marché, éclatement de l’industrie face à la Chine, concertation sociale fragilisée…: voilà deux ans que l’économie est en récession. Elle doit se réinventer.
Sur le plan géopolitique, l’Allemagne est en première ligne du bras de fer avec la Russie et du lâchage des Etats-Unis. Resté en retrait des tourments du monde depuis la Seconde Guerre mondiale, le pays a soudain dû réinvestir dans son armée à vitesse accélérée. Mais sa faiblesse a aussi mis à mal un couple franco-allemand qui était le moteur de l’Europe.
L’Union européenne croise les doigts pour qu’un gouvernement allemand voie le jour rapidement, afin d’affronter ces enjeux majeurs en résistant au bruit des extrêmes.
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