Afghanistan: pourquoi l’économie ne survivra pas sans les femmes

Sous le régime taliban, l’économie afghane se prive d’un levier de croissance essentiel : la participation des femmes à la vie économique. Une décision aux lourdes conséquences budgétaires, selon le Programme des Nations Unies pour le développement (PNUD).

Depuis leur retour au pouvoir en août 2021, les talibans n’ont cessé d’imposer des restrictions aux droits des femmes, notamment en matière d’éducation et d’emploi. Une orientation politique qui pèse lourdement sur le tissu économique du pays. D’après les dernières estimations du Programme des Nations Unies pour le développement (PNUD), cette mise à l’écart pourrait coûter jusqu’à 1 milliard de dollars à l’économie afghane d’ici 2026.

Avant la chute du gouvernement précédent, les femmes représentaient 19 % de la population active. Ce chiffre a chuté à 11 % en 2022, avant de s’effondrer à 6 % en 2023, signale le PNUD. Cette dynamique de repli brutale affaiblit la résilience économique du pays, déjà en crise chronique.

« L’exclusion des femmes n’est pas seulement une question de droits fondamentaux, c’est aussi une erreur économique », souligne un rapport du PNUD. Le message est clair : sans participation féminine, il n’y a aucun espoir de relance viable.

Le paradoxe de la microentreprise féminine

Malgré ce contexte, certaines initiatives locales soutenues par la communauté internationale continuent de porter leurs fruits. En 2024, le PNUD a mobilisé un financement de 38 millions de dollars (dont 4 millions d’amorçage) pour soutenir près de 80.000 micro et petites entreprises dirigées par des femmes. Résultat : environ 400.000 emplois créés, majoritairement féminins.

Cette dynamique prouve que le potentiel est là, à condition de lever les blocages politiques. « Lorsqu’elles accèdent à l’indépendance financière, les femmes participent au tissu économique local et renforcent la stabilité sociale », insiste le PNUD.

Mais la réalité est implacable : les femmes afghanes sont désormais largement exclues des services publics, de l’éducation, et des structures d’aide. Un recul institutionnalisé, assimilé par plusieurs experts de l’ONU à une forme « d’apartheid de genre ». Et malgré les appels de la communauté internationale, les talibans maintiennent fermement leur ligne. Cette marginalisation est d’autant plus préoccupante que l’économie afghane reste tributaire de l’aide étrangère et souffre d’un effondrement des revenus d’exportation et d’investissements.

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