Activités maritimes suspectes en Mer du Nord

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Une enquête de la VRT révèle des activités maritimes suspectes dans les mers européennes, dont beaucoup impliquent des navires russes. Avons-nous été trop naïfs trop longtemps ?

La mer du Nord n’est pas seulement cette étendue d’eau que l’on observe depuis la côte. C’est l’une des routes maritimes les plus fréquentées du monde. En Belgique, elle abrite 8 parcs éoliens qui génèrent jusqu’à 10 % de l’électricité nationale. Le pays dispose également de trois grands ports, faisant de son domaine maritime une véritable aorte de l’économie belge.

Outre ces infrastructures visibles, la mer du Nord recèle des éléments critiques tels que 3 pipelines sous-marins et un vaste réseau de câbles de communication et d’électricité. Ces installations, longtemps négligées, sont particulièrement vulnérables, devenant ainsi le talon d’Achille de l’Europe. Un sabotage de ces infrastructures aurait des conséquences stratégiques et économiques énormes. Par exemple, la défaillance d’un câble de communication entraînerait des pertes financières considérables, d’autant plus que des milliers de milliards de dollars d’activités économiques transitent chaque jour par ces câbles sous-marins précise la VRT

Si les 7 câbles de communication actifs pour l’internet étaient sabotés, l’utilisation du réseau tomberait à 0,1 %, et il faudrait deux semaines pour rétablir la situation. Une période catastrophique dans le contexte actuel, où une telle panne pourrait semer le chaos, surtout en cas de désinformation.

Des infrastructures insuffisamment protégées

Malgré l’importance de ces infrastructures, leur protection reste insuffisante. Au fil des décennies, l’Europe a massivement investi dans des infrastructures en mer sans s’assurer de leur sécurité. Cette négligence géopolitique, aujourd’hui reconnue, laisse planer la question : est-il trop tard pour réagir ?

La complexité belge aggrave la situation. La gestion de la mer du Nord implique pas moins de 17 instances gouvernementales, rendant la coordination difficile. Bien que les services de renseignement et les militaires soient mobilisés, le manque d’effectifs les empêche de couvrir toutes les menaces.

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Malgré une augmentation notable du budget de la défense — passé de 3,9 milliards d’euros en 2004 à 7 milliards en 2023 — l’armée manque encore de personnel. La marine, par exemple, souffre de 276 postes vacants pour 1 500 employés, alors qu’elle devrait en compter 2 000 d’ici 2030.

Quant à l’OTAN, son rôle dans la surveillance de la mer du Nord est limité : chaque pays est responsable de sa propre zone économique exclusive. L’organisation a toutefois annoncé en février 2023 la création d’une cellule de coordination des infrastructures sous-marines face aux menaces croissantes.

L’offshore, une nouvelle ligne de front ?

Dans un contexte de conflit hybride avec la Russie, où la guerre prend des formes économiques, politiques et numériques, il n’est pas exclu que les infrastructures offshore ou sous-marines deviennent une nouvelle cible. Les parcs éoliens et les câbles sous-marins, très vulnérables aux cyberattaques, pourraient être ciblés par des bombes numériques (un virus activé à distance). Les parcs éoliens pourraient aussi être perturbés par des drones.

Si de tels scénarios sont encore improbables, il n’y a que peu de doute que la Russie se prépare à cette éventualité. C’est en effet en collectant beaucoup d’informations que l’on sélectionne les meilleures cibles. Un danger d’autant plus précis que des vaisseaux russes plus ou moins fantômes s’attardent dans la zone. Une zone qu’ils sont clairement en train de cartographier et l’espionnage n’est pas à exclure.

Pour l’instant, le renseignement militaire belge n’a pas identifié de sabotage délibéré en mer du Nord, mais la menace demeure bien réelle.

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