20 000 conteneurs ont été perdus en mer en 16 ans

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Chaque année, environ 1 500 conteneurs tombent accidentellement dans les océans, avec des conséquences à la fois économiques et environnementales.

Selon le World Shipping Council, plus de 20 000 conteneurs ont été perdus en mer entre 2008 et 2023, soit une moyenne de 1 500 par an. Cela peut sembler négligeable par rapport aux 250 millions de conteneurs qui traversent les océans chaque année, sauf que ce chiffre serait bien en dessous de la réalité. En effet, le nombre réel est difficile à estimer, car les armateurs ne sont pas légalement tenus de déclarer ces pertes, et chaque opérateur dépend des régulations du pays où son navire est immatriculé. De plus, les chiffres du World Shipping Council ne couvrent que 90 % du marché maritime.

Un rôle crucial dans le commerce mondial et course à la compétitivité

Ces grandes caisses métalliques, équivalentes à des “briques” géantes d’environ 6 mètres de long (ou 20 pieds selon les normes anglo-saxonnes), sont essentielles au commerce mondial des biens. Les porte-conteneurs transportent 90 % des marchandises consommées dans le monde. La plupart des bateaux peuvent transporter entre 500 et 3 000 conteneurs, tandis que les plus grands atteignent une capacité d’environ 24 000 EVP (équivalent vingt pieds). Cette course au toujours plus grand est encouragé par une course à la productivité omniprésente. Les cargos passent très peu de temps à quai (24 à 48 heures en moyenne), juste le temps nécessaire pour charger et décharger des milliers de conteneurs. Cette rapidité permet aux armateurs et aux industriels de maximiser leurs profits, tout en garantissant aux consommateurs d’obtenir leurs produits rapidement et à des prix compétitifs. Tout le monde gagnant ? Pas vraiment.

MSC (Mediterranean Shipping Company) est le plus gros transporteurs (en millions d’EVP) avec 713 bateaux pouvant transporter jusqu’à  5.55 millions d’EVP. A la deuxième position, on retrouve Maersk avec 587 bateaux et 4.13 millions d’EVP. CMA CGM est en troisième position avec 501 bateaux pour 3.56 millions d’EVP. COSCO (China Ocean Shipping Company) et Hapag-Lloyd ferment le top 5 avec respectivement 554 bateaux (pour 3.05 EVP) et 257 bateau (pour 1.97 millions d’EVP). Chiffres de décembre 2023.   

Des conditions de travail précaires

L’industrie du transport maritime repose en grande partie sur une main-d’œuvre sous-payée, principalement des marins originaires de pays en développement. Ces travailleurs, souvent en situation précaire, gagnent environ 1 000 dollars par mois pour six jours de travail par semaine, avec des journées de huit à dix heures. Cela fait d’eux la classe ouvrière la plus pauvre au monde, selon un documentaire diffusé sur France Info le 6 octobre. Ce salaire est loin de refléter l’importance capitale de leur travail pour l’économie mondiale. Chaque interruption du transport maritime montre la fragilité du commerce mondial face aux crises : un simple incident peut paralyser la chaîne logistique, entraînant des pénuries et une hausse des prix. Au moindre couac, c’est donc l’économie mondiale qui retient son souffle.

La perte de conteneurs, défi environnemental majeur

Bien que la perte de conteneurs soit peu médiatisée, elle ne doit pas être sous-estimée. Lors des traversées maritimes, des tempêtes, des erreurs humaines ou de mauvaises conditions de transport peuvent entraîner la chute de conteneurs dans la mer. Si le nombre de pertes semble avoir diminué ces dernières années (221 en 2023 contre 4 000 en 2020), le problème reste significatif. Outre les pertes financières directes, ces conteneurs perdus causent des dommages graves aux écosystèmes marins. Lorsqu’ils coulent, ils écrasent la faune sous-marine et perturbent les habitats. De plus, le contenu des conteneurs peut parfois aggraver la situation. En 2021, un incendie à bord d’un navire près du Sri Lanka a entraîné la perte de plus de 1 400 conteneurs contenant des produits chimiques toxiques, comme de l’acide nitrique et du méthanol, ainsi que des milliards de billes de plastique. Trois ans plus tard, ces billes continuent de polluer les côtes.

Une prise de conscience internationale

En 2024, l’Organisation maritime internationale (OMI), sous l’égide des Nations Unies, a adopté des amendements à deux traités maritimes majeurs. Ces amendements, qui entreront en vigueur en 2026, obligeront les armateurs à signaler systématiquement toute perte de conteneurs aux autorités des pays côtiers concernés ainsi qu’au pays d’immatriculation du navire. Toutefois, aucune sanction n’est prévue en cas de non-déclaration, ce qui pourrait limiter l’efficacité de ces nouvelles mesures. Chacun peut aussi agir à son petit niveau en consommant moins tout simplement. Et la prochaine fois qu’un colis commandé en ligne et venant de Chine tarde à arriver, songez au fait qu’il est possible qu’il repose au fond de l’océan, contribuant à la pollution marine.

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