Sympathiques au départ, les éoliennes sont aujourd’hui devenues géantes et personne ne veut dans son jardin un moulin à vent “deux fois et demie plus grand que l’Atomium”.
Plaidant pour une “transition énergétique à taille humaine”, Jo Brouns (CD&V), ministre de l’Environnement, vient pour la première fois de refuser l’implantation d’une éolienne géante (266,5 mètres) au motif que celle-ci serait trop proche des habitations. “La Flandre est trop petite pour cela”, insiste le ministre qui, dans la foulée, s’apprête à modifier les distances minimales à respecter entre une éolienne haute de plus de 200 mètres et les habitations les plus proches.
En deux décennies, en effet, ces capteurs de vent ont démesurément grandi et leur acceptabilité sociale diminue chaque fois qu’augmente leur taille.
Loin des 2.800 MW fixés
Aujourd’hui, quasi tous les projets introduits font l’objet d’un recours et souvent, les pouvoirs locaux s’associent à cette démarche. Plus de 100 projets, qui totalisent une puissance de 525 mégawatts – soit 80 de plus que Doel 1 ou 2 – se trouvent actuellement bloqués. L’an dernier, 12 permis à peine, totalisant 46 MW, ont été accordés. Ce n’est pas ainsi que la Flandre atteindra l’objectif qu’elle s’est fixé à l’horizon 2030 : produire à ce moment-là 2.800 mégawatts.
À l’heure actuelle, les 703 éoliennes opérationnelles de Flandre ne produisent, ensemble, que 1.858 mégawatts et ce gouvernement est “le fossile de l’Europe”, s’indigne Aimen Horch (Groen). Le ministre nous présente “un scénario de fermeture”, renchérit Maarten Dedeyne, directeur de l’Association flamande de l’énergie éolienne (VWEA). “Nous avons besoin d’un cadre juridique clair”, tempère Kris Verduyckt, de Vooruit, relevant au passage qu’à Oosterzele, en Flandre-Orientale, c’est Groen qui mène le combat contre deux méga-éoliennes jugées trop proches des habitations.
À l’heure actuelle, les 703 éoliennes opérationnelles de Flandre ne produisent, ensemble, que 1.858 mégawatts .
Rentabilité oblige, les éoliennes à taille humaine semblent en pratique condamnées face aux grandes pour deux raisons essentielles : plus l’altitude augmente, plus le vent est puissant et stable, et des pales plus longues permettent évidemment de capter plus de vent et, dès lors, de produire davantage d’électricité. Assez curieusement, la législation flamande n’a pas suivi cette évolution technologique. La distance à respecter y est en effet fonction de la localisation et de l’impact potentiel de chaque éolienne. D’où la volonté du ministre d’imposer aux grandes éoliennes une distance minimale à respecter.
Au-delà de 200 mètres, ce sera trois fois leur hauteur, a-t-il tranché. Ainsi, une éolienne de 200 mètres ne pourrait plus être implantée qu’à 600 mètres au moins de l’habitation la plus proche. C’est un pas dans la bonne direction, admet la N-VA Sanne van Looy. Toutefois, objecte-t-elle, “il n’y a guère de différence optique entre une éolienne haute de 180 mètres et une autre qui culmine à 220 mètres”, de sorte qu’au Parlement flamand, la bourgmestre de Malle, en Campine anversoise, a déjà réclamé une distance pour toutes les éoliennes quelle que soit leur taille. Bref, la boîte de Pandore est ouverte.
Guillaume Capron