Un précédent ? Un parc éolien doit être démonté à cause de la mort d’oiseaux
Dans le sud de la France, un parc de 7 éoliennes doit être démonté. En cause : il ne respectait pas la loi, notamment sur la protection des oiseaux, et a été construit malgré des permis annulés. Ce verdict de la justice, en faveur des défenseurs de l’environnement, va-t-il créer un précédent et freiner la transition énergétique ? Les projets d’éoliennes sont souvent victimes de longues procédures, ce qui retarde leur construction.
Il y a vert et vert : la transition énergétique vers le zéro-carbone peut se heurter aux intérêts environnementaux et de la biodiversité. C’est ce que montre une décision prise récemment par la Cour d’appel de Nîmes, dans le sud de la France. Une première pour nos voisins, qui sont déjà à la traine en matière d’énergie renouvelable.
En cause : la construction ne respectait pas la loi, notamment sur la biodiversité. Le parc éolien, situé à Lunas, est construit sur une zone où passent des oiseaux migrateurs et où loge un couple d’aigles. Plus de mille oiseaux seraient morts à cause de collisions, dont un vautour moine et un aigle, des espèces protégées.
Energie Renouvelable du Languedoc, du groupe Valeco, l’exploitant du parc, a donc jusqu’en mars 2025 pour le démolir, sous peine d’astreintes de 3.000 euros par jour (pendant 180 jours). Mais le conflit entre l’entreprise et les associations de défense de l’environnement, à l’issue des plaintes, fait date. Elles avaient déjà attaqué le permis de construire en 2011 et il avait été annulé. Dans l’attente de l’annulation définitive, les éoliennes ont été posées, en 2016. Bref, après un long parcours judiciaire, les sept turbines doivent donc finalement être enlevées.
Un précédent ?
“Cette affaire nationale et symbolique servira d’exemple pour d’autres promoteurs éoliens, à savoir ne pas s’empresser d’implanter ses machines sans attendre l’issue du recours des associations, tant que la société n’a pas obtenu définitivement son permis ou son autorisation,” se félicite Marjolaine Villey-Migraine, porte-parole du collectif, au micro de France 3.
L’affaire montre en effet que la construction de parcs éoliens se heurte souvent aux intérêts de la population locale et des environnementalistes. L’énergie verte, c’est bien, mais “pas dans leur jardin” ; c’est ainsi qu’on peut résumer le phénomène nimby (not in my backyard). Les projets de parcs éoliens sont ainsi souvent confrontés à des multitudes de recours. La question qu’amène ce dossier est donc si la victoire des associations va désormais encore plus pousser au dépôt de recours et de plaintes, et si le jugement va faire jurisprudence pour d’autres dossiers similaires.
Ces nombreux recours sont d’ailleurs la raison pour laquelle la construction d’un parc peut prendre jusqu’à 10 ans, en Europe. Pour accélérer les choses, la Commission européenne travaille sur un plan pour entre autres simplifier les procédures administratives. Car l’objectif est de plus que doubler la capacité installée d’ici à 2030. Elle considère le renouvelable comme un intérêt stratégique majeur, pour se débarrasser des énergies fossiles et du gaz russe, notamment.
Les éoliennes et les oiseaux : des conflits, mais aussi des solutions
Les conflits autour des éoliennes portent souvent sur les oiseaux. Il y a notamment des lois européennes qui portent sur la protection des oiseaux et l’interdiction de les “mettre à mort”. Une définition qui reste vague mais que les défenseurs de l’environnement utilisent pour attaquer des projets. La protection des oiseaux peut aussi influencer la distance qu’il faut observer entre les turbines, ce qui peut limiter le nombre d’éoliennes installées sur un territoire.
Les oiseaux et les éoliennes partagent d’ailleurs souvent le même espace : on les installe là où il y a du vent. Et c’est aussi par là que passent les oiseaux.
Mais des solutions existent. Plus tôt cette année, les Pays-Bas avaient par exemple mis des éoliennes offshore à l’arrêt, le temps de laisser passer un grand groupe d’oiseaux migrateurs. Les flux peuvent être observés via radar, ce qui permet de réagir rapidement, et de manière localisée s’il le faut. En juillet, Trends Tendances a pu visiter un parc d’éoliennes flottantes au Portugal. Une d’entre elles était équipée d’un radar permettant d’observer les flux d’oiseaux et de réagir en conséquence, par exemple rien qu’en ralentissant les turbines le temps du passage des volatiles.
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