Face au déclin des pompes à chaleur, le mazout et le gaz regagnent du terrain

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Mailys Chavagne
Mailys Chavagne Journaliste

Durant le premier semestre 2024, les ventes de pompes à chaleur ont connu une forte baisse. Au profit des chaudières au gaz… et au mazout! Une tendance préoccupante, selon Climafed, la fédération belge des technologies climatiques.

Ces six derniers mois, le succès des pompes à chaleur a considérablement chuté. Les ventes sont ainsi passées de 29.800 unités en 2023 à 16.200 unités, soit une baisse de 50%. En revanche, la vente de chaudières au mazout et au gaz semble profiter de cette accalmie du côté des technologies climatiques… La vente de ces installations a en effet connu une hausse de 8%, selon les chiffres récents de la fédération sectorielle. Au total, 7.650 ménages ont ainsi choisi d’installer une chaudière alimentée par des combustibles fossiles.

Dans quelques mois pourtant, l’installation de chaudière à mazout dans les nouvelles constructions sera interdite en Wallonie. Et d’ici le 1er janvier 2026, il faudra également changer le système de chauffage dans les maisons existantes, en cas de remplacement de chaudière. Il sera dès lors nécessaire de se tourner vers des alternatives comme la pompe à chaleur, qui reste particulièrement efficace sur le plan énergétique. Alors comment expliquer ces chiffres?

Pourquoi une telle baisse de succès?

Les années 2022 et 2023 ont été des années exceptionnellement bonnes pour les ventes de pompes à chaleur. Notamment en raison du Covid, de la guerre en Ukraine et des implications sur les prix de l’énergie. « En 2023, il y a eu une augmentation de 68% des ventes de pompes à chaleur en Belgique par rapport à 2022, avec plus de 50.000 unités vendues pour les constructions neuve et existante », note Patrick O, responsable des affaires publiques chez Climafed. Mais aujourd’hui, c’est la situation inverse qui se produit…

La cause? Un coût souvent élevé. Car si l’installation d’une pompe à chaleur a déjà son prix, c’est également le cas de l’énergie employée pour l’alimenter… Et c’est bien ça le problème, aux yeux de nombreux consommateurs.

« Bien que les pompes à chaleur soient indéniablement plus efficaces sur le plan énergétique et contribuent à une réduction significative des émissions de CO2, il semble que les consommateurs hésitent à franchir le pas en raison du coût élevé de l’électricité », déclare Patrick O. « C’est surtout le ratio énergétique actuel, qui compare le prix de l’électricité à celui du gaz, qui joue un rôle important dans la baisse des ventes de pompes à chaleur. »

L’électricité coûte actuellement environ 30 centimes par kWh, tandis que le gaz et le mazout ne coûtent que 8 centimes par kWh. Cela rend l’électricité presque quatre fois plus chère. Pas étonnant donc que cette technologie soit devenue moins attractive aux yeux des Belges. Pour qu’elle le redevienne, il faudrait un ratio inférieur à 2, selon la CREG. Et non 4 comme aujourd’hui…

Passer au label PEB A grâce à une pompe à chaleur

« Si nous voulons atteindre nos objectifs climatiques et chauffer et refroidir nos bâtiments sans combustibles fossiles d’ici 2050, nous devons inverser cette tendance », déclare Christophe Leroy, président de Climafed. En 2050, chaque habitation devra en effet atteindre le label PEB A, et la pompe à chaleur semble participer à l’amélioration de ce label. « N’oublions pas qu’une pompe à chaleur consomme environ quatre fois moins d’énergie qu’une chaudière au gaz ou au mazout », rappelle le président de Climafed.

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