Carte blanche
Comment le solaire peut répondre aux défis d’une mobilité durable d’avenir?
Lorsqu’on parle de mobilité durable, on parle souvent d’électrique. Si ce secteur est en pleine expansion, porté par une prise de conscience citoyenne mais aussi par un terrain légal favorable en raison de l’interdiction de la vente de véhicules thermiques neufs d’ici 2035 en Europe. Pour Bruxelles, les véhicules diesel seront même interdits dès 2030 et les voitures à essence suivront en 2035. Mais le secteur fait également face à des enjeux de taille.
La crise énergétique que l’on connaît actuellement n’a pour l’instant pas modéré le dynamisme du marché des voitures électriques, dont les ventes continuent d’augmenter en 2022. L’engouement des Belges n’est donc pas entaché car pour eux passer à l’électrique est déterminant en en raison des coûts d’utilisation réduits et bien entendu positif en termes d’empreinte écologique.
Si les véhicules électriques marquent un tournant important dans la lutte contre le réchauffement climatique, le secteur doit encore faire face à de nombreux défis en termes d’infrastructures pour continuer sa progression. Selon le dernier rapport ChargeUp, la Belgique se positionne à la 4ème place en termes de disponibilités d’infrastructures électriques, avec 129 stations électriques pour 100 000 habitants. À titre de comparaison, la Belgique est encore très loin des es Pays-Bas qui ont 699 stations pour 100 000 habitants. En Belgique, les obstacles sont multiples pour que les autorités publiques atteignent leurs objectifs en termes de bornes électriques. Les bornes coûtent très cher et cela demande des budgets assez importants. Il faut également que le réseau électrique puisse supporter toutes ces bornes. Par ailleurs, il faut au minimum un an de démarches administratives pour qu’un opérateur privé puisse installer une borne. En parallèle, en raison de la crise énergétique, il se pourrait que la recharge d’une voiture électrique coûtera plus cher que le plein d’un modèle thermique. Cette situation anxiogène vient ajouter des inquiétudes pour les consommateurs, qui sont pour certains déjà réticents à passer à l’électrique en raison du manque d’autonomie et de la faible implantation des bornes, rendant difficile les trajets longs, notamment dans les zones reculées.
La mobilité durable ne sera pérenne que lorsqu’elle répondra aux besoins réels des citoyens
En matière d’adoption et de pérennité de la mobilité durable, une question centrale cristallise tous les enjeux : comment préserver la planète tout en offrant aux citoyens la possibilité de se déplacer librement ? Pour séduire massivement les consommateurs et inciter à l’adoption de véhicules propres, il est nécessaire que ces derniers combinent le plaisir et la praticité de la conduite classique, des prix abordables mais aussi des designs attrayants.
De nouveaux concepts émergent pour répondre à ce besoin mais aussi pour contrer la dépendance aux bornes de recharge électriques. Dans des nombreux pays, des innovateurs, entrepreneurs et ingénieurs travaillent depuis plusieurs années autour d’un nouveau concept automobile basée sur l’énergie solaire. Ici, le but est de permettre à la batterie du véhicule de se recharger en continu via l’ensoleillement, tout en offrant la possibilité de charger sur une borne électrique en cas de nécessité. Si le concept paraît simple, la réalisation se complexifie : capacité à adopter un design attractif et sécurisé en intégrant des panneaux solaires ou encore l’optimisation de l’aérodynamisme et des fonctionnalités de conduite pour être le moins énergivore possible, de très nombreux paramètres entrent en compte.
Les premières voitures à panneaux solaires intégrés sont sur le point d’apparaître sur nos routes. Mais pour que l’automobile solaire puisse réellement s’imposer, il est impératif que des véhicules accessibles au plus grand nombre soient mis sur le marché. Si les premiers modèles d’automobiles solaires demeurent pour le moment à des prix très élevés dû à la recherche, la fabrication et au coût des matériaux, le secteur a pour objectif de proposer dans un futur proche, des modèles bien plus abordables et produits en plus grande quantité. Ce qui est aujourd’hui une innovation technologique destinée à de chanceux “early adopters” se doit de devenir une nouvelle norme disponible pour le grand public.
On assiste là seulement aux prémices d’un marché extrêmement prometteur et capable de répondre aux problématiques environnementales, au manque de bornes de recharge, mais aussi à la crise énergétique. Afin de favoriser l’adoption rapide de cette nouvelle forme de mobilité, les usages devront être repensés, avec par exemple des partenariats ambitieux et avec des flottes de véhicules en autopartage afin de faire découvrir au plus grand nombre cette technologie. Les voitures solaires ne représentent pas le défi d’un seul homme, aucune entreprise ne peut conduire ce changement sociétal et environnemental seul. En matière de partenariats comme d’investissements, les fabricants de voitures solaires se doivent d’être soutenus par une communauté visionnaire, guidée avant tout par le progrès et la promesse d’une mobilité d’avenir durable. C’est ici la condition sine qua none du changement.
Par Lex Hoefsloot, CEO de Lightyear
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