PME, n’achetez pas de batteries, louez-les!

PowerBee veut aider les PME dans la transition énergétique en leur louant des batteries industrielles. La start-up s’adresse aux entreprises qui veulent devenir plus durables mais ne peuvent en supporter les lourdes charges financières et opérationnelles.
Le gestionnaire bruxellois d’énergie PowerBee lance un modèle as a service pour des batteries industrielles “intelligentes” destinées aux PME. Son CEO, Dieter Broes, avait lancé il y a une quinzaine d’années la société WinWatt, un installateur de panneaux solaires qui a finalement été racheté par TotalEnergies. Il y est resté quatre ans en tant que responsable de l’innovation. Son parcours varié dans le secteur de l’énergie lui a permis de comprendre les défis uniques auxquels les PME sont confrontées. “Le paysage énergétique est devenu si complexe qu’il ne suffit plus d’acheter des solutions à gauche ou à droite, dit-il. Si l’ensemble n’est pas cohérent, vous n’en tirerez jamais un rendement optimal.”
“PowerBee a été lancé en 2023 pour aider les PME à traverser sainement la transition énergétique”, explique l’entrepreneur. En plus de divers services, cette entreprise en pleine croissance propose désormais une solution de location de batteries permettant de stocker temporairement l’énergie excédentaire.
Payer moins
Selon Dieter Broes, la raison principale qui pousse à opter pour une batterie est simple : “payer moins cher son énergie à long terme”. C’est là que les choses tournent souvent mal, selon l’ingénieur. “De nombreuses PME installent des batteries sans vraiment savoir ce qu’elles font. Dans ce cas, la valeur ajoutée d’une telle installation reste limitée. Tout dépend de l’utilisation qui en est faite. Comment une batterie peut-elle renforcer votre activité et soutenir votre entreprise ?”
“De nombreuses PME installent des batteries sans vraiment savoir ce qu’elles font. Dans ce cas, la valeur ajoutée d’une telle installation est faible.”
PowerBee cible les PME pour qui un investissement de 200.000 à 300.000 euros est trop élevé, ou celles trop petites pour embaucher un gestionnaire de l’énergie. “Très souvent, c’est le CEO lui-même qui se penche sur la question énergétique entre deux réunions, sans avoir le temps de s’y consacrer pleinement. Il finit par acheter différentes solutions sans disposer d’un ensemble cohérent et optimisé.
“La location d’une batterie est un “choix évident”, estime cet ancien élève de la Vlerick Business School. “Dès le premier jour, les gains peuvent dépasser le coût de la location, explique-t-il. L’objectif est d’utiliser le réseau électrique lorsque l’énergie est abondante et, inversement, de le soulager lorsqu’il est sous tension. Aujourd’hui, des incitants financiers existent pour encourager les PME à adopter cette approche.
Tarification dynamique
Selon Dieter Broes, de nombreuses PME ne sont pas suffisamment préparées au tournant énergétique. “Un chef d’entreprise peut connaître sa consommation annuelle, mais c’est généralement tout. Et ils ont tous des panneaux solaires, généralement même trop. Mais aujourd’hui, il faut gérer l’énergie d’une manière complètement différente. Les prix fixes, par exemple, appartiennent au passé. La tarification dynamique signifie qu’il vaut mieux utiliser beaucoup d’énergie lorsqu’elle est disponible et moins lorsqu’il y en a peu.
“C’est ainsi que l’on entre rapidement dans le monde fascinant du peak shaving et du load shifting. Le premier signifie que vous évitez les pics importants de demande d’énergie, le second que vous puisez sur le réseau lorsqu’il est le plus avantageux. “Lorsque l’énergie est bon marché, nous chargeons la batterie, indique l’entrepreneur. Et lorsque l’entreprise consomme beaucoup et que l’énergie est très chère, nous déchargeons la batterie. Si une PME est fermée ou a une faible consommation, il est bien sûr dommage d’avoir une batterie qui ne sert à rien. Dans ces cas-là, nous proposons des services aux opérateurs de réseau pour maintenir la stabilité de celui-ci.”
Une batterie peut effectuer jusqu’à deux cycles de charge et de décharge par jour. “Cela permet d’atténuer les pics tarifaires”, explique-t-il. Cependant, Dieter Broes estime qu’une batterie ne doit pas être considérée uniquement comme un investissement financier. “Le déséquilibre du réseau est un levier qui permet d’amortir plus rapidement une batterie, mais cela ne devrait pas être la seule raison d’en installer une. À terme, l’objectif doit être de soutenir l’activité de votre PME. L’enjeu est de créer une synergie efficace entre la batterie et le fonctionnement de l’entreprise. Et aujourd’ hui, la technologie est suffisamment avancée pour le permettre.”
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Des promesses
De nombreux malentendus subsistent autour des batteries. Contrairement à une idée répandue, elles ne sont pas conçues pour stocker l’énergie en été afin de l’utiliser en hiver, ni pour accumuler l’électricité des journées ensoleillées afin de compenser les jours gris et sans vent. “Une PME ne fonctionnera jamais exclusivement sur sa batterie, précise Dieter Broes. L’enjeu est d’utiliser un système de gestion de l’énergie et des prévisions pour choisir les moments les plus stratégiques. Chaque jour, 365 jours par an, il existe des opportunités pour prélever de l’électricité sur le réseau quand elle est bon marché, et d’autres où l’énergie devient très coûteuse, rendant l’usage de la batterie bien plus avantageux.”
L’histoire montre que, dans le secteur de l’énergie, les belles promesses ne durent pas. Les règles du jeu peuvent changer, notamment lorsque les autorités mettent en place des mécanismes de financement avantageux, facilitant un retour sur investissement rapide. Dieter Broes reconnaît que ce risque existe : “Mais une PME qui consomme moins et surtout de manière plus intelligente sera toujours en meilleure position qu’une entreprise qui n’investit pas et reste soumise aux fluctuations du réseau.”
La Belgique d’abord
Les modèles as a service fleurissent partout dans l’économie et les entreprises s’y familiarisent de plus en plus, mais ils sont aussi très coûteux à financer pour le fournisseur. Les installations coûtent très cher, alors qu’elles ne sont rentabilisées qu’à long terme. “Dès le départ, nous avons choisi d’attirer des investisseurs fortunés”, explique Dieter Broes. Paul Thiers (ex-Unilin), Davy Demuynck et Kristof Vanfleteren (Ion) sont de la partie. “Les 3 premiers millions sont prêts, mais on peut aller au-delà par la suite”, disent-ils avec ambition.
Dans un premier temps, PowerBee vise les PME de notre pays “en raison de la dynamique”. “Les chefs d’entreprise à qui nous parlons veulent vivre avec leur temps, ils veulent des solutions, mais ils se rendent aussi compte que tout est devenu très complexe. On remarque que de nombreuses PME ont compris que l’électrification est en marche et qu’elles y travaillent dans leurs plans à long terme. Quel sera l’impact sur notre facture énergétique ? De quels atouts avons-nous besoin ? Notre formule de location rend la technologie avancée des batteries accessible aux entreprises qui souhaitent devenir plus durables sans les lourdes charges financières et opérationnelles.”
Avec le temps, l’attrait des marchés étrangers pourrait se faire sentir. “Si notre modèle fonctionne dans un marché très dynamique comme la Belgique, il pourrait aussi parfaitement fonctionner demain dans nos pays voisins, car les besoins des PME y sont les mêmes”, conclut Dieter Broes.
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