L’administration Trump a accordé un prêt d’un milliard de dollars pour relancer un réacteur de la tristement célèbre centrale nucléaire de Three Mile Island. Un investissement XXL qui symbolise un retour en grâce de l’atome, particulièrement soutenu par les géants de la tech.
Mardi, le département américain de l’Énergie a officiellement offert son soutien au redémarrage de la centrale nucléaire de Three Mile Island (Pennsylvanie), rebaptisée en Crane Clean Energy Center. L’administration Trump accorde un prêt d’un milliard de dollars à Constellation Energy, principal exploitant des centrales nucléaires américaines. Il s’agit du plus grand investissement public américain en faveur l’atome depuis plusieurs décennies.
Le prêt devrait couvrir la majeure partie du coût de relance, estimé à 1,6 milliard de dollars. C’est Microsoft qui achètera la totalité de l’électricité produite sur place, en vue d’alimenter ses centres de données de la région.
Grave accident en 1979
La centrale de Three Mile Island est connue pour avoir été le théâtre du plus grave accident nucléaire de l’histoire des Etats-Unis. En 1979, le cœur du réacteur n°2 avait partiellement fondu. Cela avait entraîné le relâchement d’une faible quantité de radioactivité dans l’environnement. Classé au niveau 5 (sur 7) sur l’échelle internationale des événements nucléaires, cet accident avait jeté un froid sur l’enthousiasme à l’égard de l’atome.
Cet événement n’avait toutefois pas empêché la centrale de Three Mile Island de continuer à tourner. Son réacteur n°1, démarré en 1974, a produit de l’électricité jusqu’en 2019. La production avait alors été stoppée à cause d’un manque de rentabilité provoqué par des centrales au gaz plus profitables. Et c’est ce réacteur n°1, de 835 mégawatts, qui va redémarrer.
Les Big Tech à la manœuvre
Si les termes de l’accord n’ont pas été dévoilés, les analystes de Jefferies estiment que Microsoft devrait payer cette électricité à hauteur de 110 à 115 dollars le mégawattheure, durant vingt ans. Cela représente un surcoût non négligeable par rapport à ce que pourraient offrir des centrales solaires ou éoliennes, a calculé Lazard. Mais le géant de la tech préfère mettre le prix pour un approvisionnement 24h/24, 7j/7.
Ce premier redémarrage d’un réacteur nucléaire constitue plus que probablement le début d’une longue série. Avec l’essor de l’intelligence artificielle, la soif en électricité des entreprises technologiques est plus grande que jamais. Ce qui fait grimper les prix pour les ménages situés à proximité de leurs centres de données. Les autorités américaines estiment que la relance du nucléaire peut solutionner le problème.
“Nous voulons injecter autant d’électricité disponible et fiable que possible sur le réseau afin d’enrayer la hausse des prix de l’électricité”, a déclaré cette semaine le secrétaire d’État à l’Énergie Chris Wright. La semaine dernière, il avait déjà indiqué que la plupart des prêts qu’octroierait son département seraient consacrés au nucléaire.
Outre Three Mile Island, deux autres centrales nucléaires pourraient bientôt être redémarrés aux États-Unis : (Michigan) et Duane Arnold (Iowa). L’électricité produite par cette dernière sera achetée par Google. Potentiellement, des dizaines d’autres réacteurs arrêtés plus ou moins récemment pourraient être relancés, moyennant la conclusion de contrats à long terme avec les Big Tech.
L’administration Trump mise gros sur le nucléaire
Au-delà du redémarrage de réacteurs arrêtés, l’engouement pour le nucléaire depuis le retour de Donald Trump à la Maison Blanche est total. En mai, le président américain a signé quatre décrets visant à faciliter le (re)déploiement de l’atome. Fin octobre, Washington a annoncé son intention d’investir au moins 80 milliards de dollars dans la construction de nouveaux réacteurs nucléaires conventionnels, via un partenariat avec le géant nucléaire Westinghouse Electric Company.
Le nucléaire occupe une place importante dans la politique énergétique de l’administration Trump. Elle y voit une option propre et stable pour faire face à la première hausse de la demande en électricité depuis plus de vingt ans. Les détracteurs pointent toutefois du doigt le manque de solution en matière de stockage pour les déchets radioactifs.