Myrrha: le futur réacteur nucléaire belge en construction et en quête de financement 

Une nouvelle étape importante pour le Centre belge de recherche nucléaire. BELGA PHOTO DIRK WAEM
Olivier Mouton
Olivier Mouton Chef news

La première phase du projet de recherche installé à Mol a été lancée. Un investissement de 558 millions pour un accélérateur de particules aux vertus multiples. Il reste à trouver l’argent auprès d’un consortium international pour les deux phases suivantes, décisives. 

Le site du Centre de recherche nucléaire belge, à Mol, est ultra-sécurisé. En son coeur, une forêt de pins et des monticules de terre. C’est là qu’a été donné, mardi 25 juin, le coup d’envoi de la première phase du projet Myrrha. Petit nom de l’accélérateur de particules qui verra bientôt le jour: Minerva. C’est le fruit d’un investissement belge de 558 millions d’euros. 230 collaborateurs de 25 nationalités y travaillent d’arrache-pied. Une étape fondamentale, qui en annonce d’autres.

Lutte contre le cancer et avenir du nucléaire 

“C’est une étape importante, se réjouit son chef de projet, le docteur Hamid Aït Abderrahim. Les projets qui seront développés ici ne sont pas faciles, mais utiles pour la société.” L’accélérateur de particules permettra de produire et de rechercher des radio-isotopes médicaux innovants pour lutter contre les cancers et de faire de la recherche nucléaire fondamentale.  

Mais au-delà de Minerva, ce sont les étapes suivantes qui sont prometteuses. Car le projet Myrrha ancre la filière en Belgique, permettra de créer un réacteur “unique au monde” et a pour intention de “garantir que les déchets nucléaires hautement radioactifs, qui restent radiotoxiques jusqu’à 300 000 ans, pourront en partie être réutilisés comme combustibles”. L’avenir du nucléaire se trouve à Mol.

Mais pour financer la suite des opérations, un consortium international sera nécessaire

Un financement international en cours 

Il y a de l’intérêt pour participer à ce financement en Allemagne, en France, au Royaume-Uni, au Japon ou en Suède, souligne Hamid Aït Abderrahim. Nous espérons que cette première phase va augmenter l’appétit de nso partenaires. Nous regardons aussi vers la Commission européenne avec sa nouvelle Alliance pour les SMR. Notre projet de centrale nucléaire avec un accélérateur de particules fait partie des projets susceptibles de faire l’objet d’un cofinancement. Mais nous ne savons pas encore combien d’argent l’Europe va y consacrer.” 

Après la première tranche de 558 millions octroyée par la Belgique, il était prévu, en 2018, un investissement total de 1,8 milliard d’euros pour l’ensemble du projet Myrrha. “Mais ce sera plus cher, reconnaît le chef de projet. Vous avez vu les augmentations de coûts et les difficultés consécutives à la crise du Covid. Même les contrats déjà passés au début du projet ont augmenté, pour ne pas parler du coût de l’énergie ou du personnel.” 

Le financement de la deuxième phase pourrait être bouclé en 2026-27: tel est l’objectif. Le début des travaux aurait lieu en 2028. Elle se terminerait en 2032. La troisième phase serait terminée en 2036 ou 2038. “C’est l’objectif actuel, souligne Hamid Aït Abderrahim. Pour de tels grands projets, il faut avoir de la persévérance pour tenir toutes ces années à se battre.”

Du lobby est nécessaire de la part de nos responsables politiques, précise encore le responsable du projet. La nouvelle majorité fédérale, qui devrait être pro-nucléaire, devrait s’emparer du dossier.

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