Le ministre fédéral de l’Energie se félicite de l’abrogation de la loi de 2003 sur la sortie du nucléaire, qui doit intervenir ce jeudi. Il balise la suite: une rencontre avec l’opérateur Engie et un travail rapide sur de nouvelles capacités. “Ce n’est pas parce qu’il y a beaucoup de choses à faire que cela doit être lent”, nous dit-il.
On le surnomme “Atomic Bihet”. Ce jeudi 15 mai est une date qui restera gravée dans la mémoire du ministre fédéral de l’Energie: le parlement va abroger la loi de 2003 sur la sortie du nucléaire. Il tire déjà les premiers enseignements pour Trends Tendances.
Le parlement doit voter la loi supprimant l’interdiction du nucléaire en Belgique. C’est la fin d’une hérésie écologique?
La loi sur la sortie du nucléaire avait été décidée dans l’accord de gouvernement de 1999, le jour de mon huitième anniversaire! Votée finalement en 2003, cette loi était une énorme concession faite à Ecolo. Vingt ans après, la réalité s’impose. Nous sommes très heureux de voir aboutir cette proposition que j’avais déposée avec le MR quand j’étais parlementaire. Cela remet le nucléaire au centre de la pièce. Pendant trop longtemps, il avait été mis de côté à cause de ces dogmes qui prévalaient dans toute l’Europe. Le vent tourne, et pas uniquement en Belgique: c’est le cas en Italie, aux Pays-Bas, au Royaume-Uni, en Suisse, en Europe de l’Est… Lors la campagne électorale en Allemagne, la CDU avait mis le sujet sur la table, même s’il ne s’est pas concrétisé. Nous avons choisi de relancer la filière. Une nouvelle ère commence.
Au-delà de la prolongation de deux réacteurs pour dix ans, tout reste à écrire, non?
Tout est à recommencer. Nous avions une belle histoire en Belgique, avec une filière dynamique et un savoir-faire important. Il reste bien sûr des lieux d’expertise importants comme le centre de recherche SCK CEN ou l’IRE à Fleurus. Mais il faut réécrire les pages d’un livre que certains ont arrachées. Aujourd’hui, il y a une certitude: sans nucléaire, le mix énergétique ne tient pas. Le fait qu’une ministre écologique ait finalement prolongé Doel 4 et Tihange 3 pour dix ans lors de la législature précédente, c’est la meilleure preuve de l’importance du nucléaire. Nous sommes très heureux de pouvoir compter sur ces deux réacteurs parce que nous en avons besoin pour l’hiver à venir.
Quelle sera la suite: prolonger d’autres réacteurs nucléaires ou en construire de nouveaux?
La modification de la loi était une priorité pour envisager de nouvelles capacités, mais aussi pour d’éventuelles prolongations car les réacteurs actuels avaient une date de péremption autodécrétée par le politique. A ce stade-ci, tout était interdit. La première étape consiste à rencontrer l’opérateur, Engie, qui est aussi le propriétaire, pour lui demander ses intentions. C’est l’entreprise qui reste à la barre.
Le nucléaire n’est plus forcément la priorité de sa maison-mère française…
Alors, cela ouvre d’autres portes, mais il faut faire les choses dans l’ordre. Une fois cela posé, on pourra aussi se demander si l’on ouvre le champ pour de nouvelles capacités. Il s’agit de savoir de quoi nous avons besoin, quel modèle nous choisirions… Il faudra faire confiance aux spécialistes de l’énergie, avant de faire confiance aux financiers, pour déterminer le type de réacteurs.
Mais cela doit aller vite?
Ce n’est pas parce qu’il y a beaucoup de choses à faire que cela doit être lent. Cela pourrait être décidé durant cette législature. Mais il faut construire l’édifice pierre par pierre et cette loi est la première.