“L’Union européenne n’est pas prête en cas de nouvelle crise du gaz”
L’Union européenne doit encore résoudre des problèmes de taille pour être totalement prête à faire face à une nouvelle crise gazière, avertit la Cour des comptes européenne dans un rapport publié lundi.
“Les prix peuvent toujours réagir fortement aux événements, comme nous l’avons vu récemment avec la grève des travailleurs du gaz naturel liquéfié (GNL) en Australie ou la fermeture de l’usine de traitement de gaz norvégienne”, souligne João Leão, le membre de la Cour responsable de l’audit.
Pendant la crise de l’énergie, l’UE est parvenue à réduire de 15% sa demande de gaz, mais les auditeurs n’ont pas pu déterminer si cela tenait uniquement aux mesures prises ou aussi à des facteurs externes (par exemple les prix élevés du gaz et la douceur de l’hiver).
De même, l’obligation de remplissage des installations de stockage de gaz à l’échelle européenne a été respectée, l’objectif de 90 % ayant même été dépassé. Mais cela correspond ni plus ni moins aux niveaux de remplissage d’avant la crise, fait observer la Cour.
Plafonnement des prix et achats groupés
Par ailleurs, il est impossible d’évaluer l’efficacité du plafonnement des prix du gaz dans l’UE, car ils sont toujours restés nettement en deçà depuis sa fixation.
Parmi les autres mesures figure le lancement de la plateforme AggregateEU, censée servir de canal de substitution pour les achats et ventes de gaz, y compris les achats groupés. Là aussi, les auditeurs de la Cour n’ont pas pu déterminer la valeur ajoutée par rapport à d’autres plateformes existantes. Les différences de prix entre les 27 engendrées par la crise s’étaient déjà considérablement amenuisées avant la mise en service d’AggregateEU.
Pour la Cour des comptes européenne, l’UE doit consolider son cadre pour l’accessibilité financière du gaz. Car la solidarité européenne laisse à désirer : bon nombre d’États membres sont encore réticents à signer des accords de solidarité bilatéraux. Certains d’entre eux envisageraient même d’interrompre l’approvisionnement d’un État voisin en cas d’urgence, prévient la Cour.
Captage de CO2
Enfin, les auditeurs soulignent l’insuffisance des progrès en matière de captage, d’utilisation et de stockage du carbone (CUSC), ce qui risque de poser un problème pour la sécurité de l’approvisionnement à long terme. À ce jour, les quatre projets commerciaux de CUSC en fonctionnement dans l’UE permettent, ensemble, de capturer jusqu’à 1,5 million de tonnes de CO2 par an. “Une goutte dans l’océan par rapport aux 450 millions de tonnes de CO2 à capturer par CUSC chaque année d’ici à 2050 pour atteindre les objectifs climatiques de l’UE”, selon João Leão.
Bref, l’Europe a certes adopté plusieurs mesures urgentes pour lutter contre l’instrumentalisation du gaz par la Russie, mais les avantages de son action ne sont pas toujours manifestes.
Les auditeurs attirent aussi l’attention sur plusieurs nouveaux défis que l’UE doit relever pour garantir son approvisionnement en gaz à long terme, tels que la dépendance accrue au gaz naturel liquéfié (GNL) et la nécessité de décarboner une partie de sa consommation de gaz.
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