L’industrie dénonce à nouveau les coûts élevés de l’énergie en Belgique
Febeliec, la fédération représentant les industries consommatrices d’électricité et de gaz naturel, a de nouveau tiré la sonnette d’alarme sur les coûts de l’énergie en Belgique, un mois à peine après avoir déjà attiré l’attention sur ce problème récurrent.
Une étude, commandée par l’organisation sectorielle, pointe ainsi “une crise de confiance inquiétante au sein de l’industrie belge, notamment en termes de disponibilité d’énergie neutre en carbone à un prix abordable”.
A la demande de Febeliec, le bureau de consultance KPMG a interrogé durant l’été dernier 22 leaders industriels, dont les entreprises représentent, ensemble, à peu près un quart de la consommation industrielle d’électricité et plus de 40.000 emplois directs en Belgique.
A leurs yeux, le coût total de l’électricité en Belgique se situe parmi les plus élevés au niveau mondial tandis que la sécurité d’approvisionnement en électricité reste un souci majeur et pèse sur les décisions d’investissements. Pour ces chefs d’entreprise, rendre l’économie neutre pour le climat nécessitera des investissements substantiels dans l’industrie durant les décennies à venir, avec des rendements et des créations d’emplois toutefois relativement limités, et nécessitera l’accès à des volumes importants d’électricité neutre en carbone à un coût compétitif.
Des investissements reportés ou délocalisés
A l’exception de l’industrie pharmaceutique, aucun interlocuteur ne mentionne d’ailleurs des investissements dans des extensions de capacités de production. “De tels investissements sont soit reportés, soit délocalisés vers d’autres pays”, s’inquiète Febeliec. Pour la fédération, les premières indications de délocalisations restent probablement “sous le radar”. Le risque de relocalisation d’installations qui approchent leur fin de vie semble néanmoins être réel, ajoute-t-elle.
Une seconde étude, commandée à EnergyVille/VITO, confirme, quant à elle, le potentiel des réacteurs nucléaires existants et nouveaux à contribuer à une économie climatiquement neutre à moindre coût. Une prolongation de 2 GW de la capacité nucléaire pendant 20 ans au lieu de 10 et une extension de vie de 2 GW additionnels de capacité nucléaire sont ainsi économiquement justifiées et entraînent des coûts de système électrique significativement inférieurs ainsi qu’une réduction supplémentaire des émissions de CO2, selon cette étude.
Rétablir un climat propice aux investissements
Febeliec appelle dès lors les autorités fédérale et régionales “à prendre au sérieux les nombreux et clairs signaux des secteurs industriels et des entreprises”, et à décider d’urgence des mesures en vue de rétablir un climat propice aux investissements industriels. Pour l’organisation sectorielle, cela nécessitera des actions dans plusieurs domaines et à différents niveaux, en vue de mettre en place une stratégie climatique et énergétique stable et cohérente à long terme, de préférence en collaboration avec les pays voisins et l’UE dans son ensemble.
“Des décisions et des mesures s’imposent d’urgence si la Belgique souhaite maintenir une base industrielle forte comme l’une des pierres angulaires de notre économie”, conclut la fédération.
Début septembre, l’industrie belge avait encore dénoncé les prix élevés de l’énergie en Belgique, lesquels nuisent à sa compétitivité par rapport aux pays voisins. La CREG, régulateur du secteur, avait alors répondu vouloir d’abord connaître l’ampleur des hausses et leur impact sur la compétitivité des entreprises avant de proposer des mesures adaptées.