L’hydrogène vert, “une révolution d’envergure” pour le monde, selon Syensqo
Issus de Solvay, les explorateurs de Syensqo sont très actifs sur cette énergie qui pourrait révolutionner demain. Pour autant que l’on surmonte les défis et que l’Europe suive le train. Le projet phare de Climate Impulse veut démontrer qu’un avion à hydrogène est possible, mais les’usages sont nombreux.
Une “révolution d’envergure” pour le monde entier. Imre Horvath, directeur de la Green Hydrogen Platform de Syensqo, emploie des termes forts pour évoquer le virage que pourrait représenter l’hydrogène vert pour une humanité en quête de décarbonation, ces prochaines années.
“Cette énergie est multi-usage”, insiste-il. Elle peut accompagner la transition de nombreux secteurs, dont le transport lourd, puis l’industrie dans un second temps, voire l’aviation si la recherche de Syensqo pour Climate Impulse, le tour du monde en neuf jours prévu par Bertrand Piccard en 2028, s’avère couronnée de succès.
Un codéveloppement inédit
Cette révolution de l’hydrogène vert est déjà en cours. L’Australie, La Chine, les Etats-Unis, l’Inde ou le Chili s’en emparent et investissent massivement. “Des acteurs européens l’ont bien compris comme l’Allemagne et la présidente de la Commission européenne”, constate Vincent Meunier, responsable du développement commercial de la plateforme de Syensqo. En Belgique, des acteurs comme Syensqo ou John Cockerill la portent. Mais notre continent, comme souvent, tarde en chemin, notamment en raison de règlementations trop lourdes.
Cette révolution est d’autant plus hallucinante qu’elle change en profondeur le modèle de fonctionnement des entreprises, soulignent les “explorateurs” de Syensqo. “Nous devons comprendre tous les éléments de la chaîne de valeurs, résume Imre Horvath. Nous sommes interdépendants avec nos clients par rapport à nos besoins. Face à ce défi majeur pour l’humanité qu’est la décarbonation, aucune entreprise seule n’a la réponse. Nous procédons à du co-développement et de la co-innovation.”
Pour Syensqo, l’approche est désormais toute autre que celle, historiquement de mise. “Nous ne partons pas du produit, mais du marché, pour répondre à ses aspirations”, explique Vincent Meunier. Cela ouvre des portes, mais cela nécessitera aussi de bien programmer les investissements nécessaires, ces prochaines années.
De fameux défis
L’annonce récente de l’abandon du projet Columbus, un partenariat entre Engie et Carmeuse, illustre-t-il la difficulté de faire advenir cette révolution? “Peut-être ont-ils voulu aller trop vite ou ont-ils été trop ambitieux?”, interrogent les responsables de la plateforme de Syensqo. S’ils ne s’avancent pas sur les raisons de cet échec, ils constatent: “C’est une révolution en marche, il y aura des échecs, c’est évident, mais également de nombreuses opportunités.”
Une certitude: il convient de surmonter des écueils importants. Les défis sont d’une envergure aussi importante que la révolution. A commencer par le coût. “L’accès à une électricité verte bon marché est une clé”, soulignent-ils. Ce n’est pas pour rien que le Chili se met en route avec son énergie solaire massive du désert de l’Atacama, ou que l’Australie est ambitieuse dans ce domaine.
L’interconnexion du monde sera un enjeu majeur. “C’est, aussi, une révolution globale!” Les pays du sud de l’Europe se relient à ceux du Maghreb via des pipalines pour amener l’hydrogène pas à pas. Le port d’Anvers doit devenir un hub pour l’importer – telle est la volonté de notre gouvernement.
Toute la chaîne doit être améliorée en permanence. “Nous sommes omniprésents par rapport à l’accompagnement de cette révolution qui nécessite le développement de matériaux nouveaux”, complètent encore les ingénieurs de Syensqo.
Vertigineux? Oui. Au point que l’on ne mesure pas encore vraiment ce que cela va engendrer. “Le premier secteur à basculer devrait être le transport lourd, soulignent-ils. Avant l’industrie. Mais d’autres horizons doivent voir le jour.
Climate Impulse
L’aviation trouvera-t-elle avec l’hydrogène une raison de croire en sa décarbonation? C’est tout l’objet du projet Climate Impulse, ce tour du monde en avion à hydrogène vert, programmé pour 2028.
“Nous allons effectuer en quatre ans une recherche qui prend normalement quinze ans”, soulignent les maîtres-d’oeuvre du projet. Le chantier est en cours, aux Sables-d’Olonne. Le cockpit et les réservoirs sont en cours de confection, des matériaux inédits sont utilisés, ldée étant de faire sortir de terre un prototype qui servira, peut-être, l’aviation civile. “C’est comme travailler sur une Formule Un”, disent-ils.
Dans le hall d’entrée du bâtiment de Syensqo, à Bruxelles, les éléments de cette plateforme de l’hydrogène vert sont exposés, dont une voiture de compétition roulant à l’hydrogène. Parmi eux, les ingénieurs expliquent leurs ressorts comme des pionniers d’une ère nouvelle. Riche en promesses, mais pleine d’incertitudes.
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