Le marché du gaz, une bulle qui va éclater ?
Le prix sur le marché de gros du gaz naturel pourrait bientôt baisser fortement. En raison d’une bulle financière qui éclate, selon l’expert en énergie Damien Ernst. Qu’est-il en train de se passer ?
Dans le monde de l’énergie, une nouvelle fait parler d’elle ce lundi : les capacités de réserve européennes sont pleines à virtuellement 100% (99,55%, pour être exact). Un record – jamais elles n’avaient atteint ce seuil. C’est bien plus que l’objectif de 90% que l’UE s’était fixé, pour le début de la saison de chauffage. Et c’est un soulagement, dans un contexte de conflit en Ukraine : en début d’année, de nombreux observateurs craignaient que l’Europe aurait du mal à remplir ses réserves pour cet hiver. Mission finalement accomplie. Entre autres grâce à une demande industrielle en berne et un temps chaud.
Bulle qui va éclater ?
C’est une bonne chose pour les consommateurs européens de gaz. Ces réserves sont une sécurité pour l’approvisionnement en énergie. Mais c’est aussi une bonne chose pour le marché du gaz. A tel point que le spécialiste de l’énergie et professeur à l’Université de Liège, Damien Ernst, s’attend à ce qu’une “bulle éclate.”
“Une grosse bulle est sur le point d’éclater sur le marché européen du gaz dans les prochaines semaines,” écrit-il sur X. “Premièrement, l’UE sera très venteuse” et il n’y aura donc besoin que de très peu de gaz pour la production d’électricité, comme les éoliennes tourneront à plein régime. “Deuxièmement, pas de temps froid”, et donc très peu de gaz sera utilisé pour le chauffage.
“L’offre sera supérieure à la demande et aucun stockage ne sera possible”, comme les réserves sont déjà pleines. Résultat : “Boum”, conclut-il.
Marché nerveux
Ce serait en tout cas un retour à la normale pour le marché, après des semaines très nerveuses. Pour mémoire, dans le contexte de guerre en Palestine, le prix avait rapidement augmenté, notamment car Israël avait suspendu l’approvisionnement via certains gazoducs. L’Égypte reçoit toujours beaucoup moins de gaz naturel israélien de la Mer Méditerranée, d’ailleurs, et se tourne vers le GNL. Les menaces de grève en Australie, à nouveau réitérées il y a un mois, ont aussi chamboulé les cours. Mais les parties ont finalement trouvé un accord le 17 et 7% de l’offre mondiale n’ont pas dû être mises à l’arrêt. En Finlande, des suspicions de sabotage d’un gazoduc (et de câbles de communication) avait également poussé les prix vers le haut.
Le prix du MWh, sur le marché de gros, avait dépassé la barre des 50 euros le 9 octobre. Ce n’est que la semaine dernière qu’il est durablement repassé en dessous de la barre (après un très bref passage le 11 octobre). A l’heure d’écrire ces lignes, il se négocie à 46,3 euros. Il pourrait donc encore chuter.
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