Le 100% renouvelable est possible rapidement : un expert américain valide la thèse Ecolo
Dans le cadre de son congrès énergétique, Ecolo donne la parole à Mark Jacobson, une référence de l’université de Stanford : le cap est possible dans 145 pays, vite, et créera 28 millions d’emplois. « 95% des technologies sont là, il faut la volonté politique », nous dit-il.
Ecolo organise son congrès wallon ce dimanche 24 septembre à la Cité Miroir, à Liège. Au centre des débats, l’horizon d’un approvisionnement énergétique 100% renouvelable avec une électrification massive de la société. Pour entamer la discussion, un appui de choix : Mark Jacobson, directeur du programme énergétique de l’université de Stanford, en Californie.
A Trends Tendances, qui a eu l’occasion de s’entretenir avec lui, Mark Jacobson confirme : « Le 100% renouvelable est possible et rentable d’ici 2030. Pour y arriver, 95% des technologies existent et sont déjà commercialisées. Il ne manque que la volonté politique. »
L’association éolien-hydraulique-solaire
Son propos s’appuie sur une étude qu’il a réalisée, publiée en 2022 dans la revue Energy & Environmental Science. Verdict : dans 145 pays, la transition vers une énergie reposant entièrement sur l’éolien, l’hydraulique, le solaire et le stockage serait rentable en six ans. Mark Jacobson souligne même que cette réalité pourrait déjà être de mise dans neuf pays, dont l’Islande, le Danemark, l’Albanie, le Népal ou le Costa Rica. Même un pays comme la Russie dispose d’un potentiel énorme en ce sens, « il faudrait que le régime politique le souhaite ».
« Il ne manque que la volonté politique », insiste le professeur de l’université de Stanford. Qui n’hésite pas à prendre son bâton de pèlerin pour défendre cette thèse dans tous les milieux. « Je ne participe toutefois pas à des congrès politiques toutes les semaines », sourit-il.
« Au niveau mondial, l’association éolien-hydraulique-solaire permet de réduire de 56,4 % l’énergie fournie, de 62,7 % les coûts énergétiques privés annuels (de 17,2 à 6,4 billions d’euros par an), et de 92 % les coûts sociaux (privé + santé + climat) annuels de l’énergie (de 80,5 à 6,4 billions d’euros par an) pour un coût en valeur actuelle totalisant 59,5 billions d’euros, précise Mark Jacobson dans son article de 2022. L’association éolien-hydraulique-solaire nécessite en effet moins d’énergie, est moins coûteuse et crée davantage d’emplois que le maintien du système actuel. »
28 millions d’emplois créés
Selon cet expert très réputé, il est tout à fait envisageable de se priver des énergies fossiles dans les délais voulus par les traités internationaux. Au-delà des énergies renouvelables, d’autres technologies ne seraient pas indispensables, dont la capture du CO2 ou les nouveaux réacteurs nucléaires : ce sont davantage des offres d’opportunité, à ses yeux, qui retardent le grand saut. L’objectif est bien l’électrification massive de nos usages au départ du solaire, de l’éolien, de l’hydraulique et du stockage.
Cette révolution irait toutefois de pair avec une nécessaire sobriété énergétique, alors que l’évolution de la consommation reste à la hausse partout.
Mark Jacobson souligne aussi que cette transition énergétique à marche accélérée coûterait, certes, de nombreux emplois dans le secteur des énergies fossiles. Mais il évoque un potentiel important dans le renouvelable : dans le monde, on créerait 28 millions de plus qu’on n’en détruirait.
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