L’avenir de la Belgique sera nucléaire, avec ou sans Engie

Centrale nucléaire de Tihange à Huy, Belgique - Getty Images © iStock
Baptiste Lambert

Face à la frilosité de l’énergéticien français, dont la stratégie n’est plus tournée vers le nucléaire, la Belgique pourrait prendre son destin en main : nationaliser les réacteurs existants. L’idée fait son chemin, révèlent nos collègues de L’Echo.

Au contraire de la Vivaldi, la coalition Arizona qui se dessine est une coalition pro-nucléaire. Le formateur Bart De Wever en a même fait une de ses priorités et a déjà rencontré la direction d’Engie, l’opérateur des réacteurs nucléaires en Belgique.

Le probable futur Premier ministre veut d’abord prolonger Tihange 3 et Doel 4 de 10 années supplémentaires, soit 20 ans en tout, après l’accord intervenu sous la précédente législature. Et il espère même aller plus loin en prolongeant Tihange 1, voire Tihange 2 et Doel 3, dont phase préparatoire en vue d’un démantèlement a déjà commencé.

L’opération De Croo

Le problème de fond est que le nucléaire ne fait plus partie de la stratégie énergétique d’Engie. Les réacteurs belges sont les derniers vestiges d’une époque révolue pour l’énergéticien français. Ceci avait déjà conduit à une négociation difficile sous le gouvernement De Croo. L’État belge avait été contraint de mettre un pied à l’étrier, en créant une structure commune avec Engie pour prolonger les deux plus jeunes réacteurs de 10 ans.

Lors de cet accord, le coût du démantèlement avait été fixé 8 milliards d’euros et celui de la gestion des déchets avait été plafonné à 15 milliards d’euros. En cas de dépassement, il serait à la charge de l’État, ce qui était clairement une concession du précédent gouvernement.

Nationalisation

Si Engie persiste dans sa stratégie, la nationalisation des réacteurs semble être une piste réelle. Il pourrait être question d’un rachat complet de l’outil par l’Etat, qui pourrait ensuite revendre une partie du capital à des industriels gourmands en énergie, par exemple du port d’Anvers, écrit L’Echo.

Mais forcément, une telle piste, qui était d’ailleurs proposée par le PTB, laisse planer beaucoup d’interrogations. Plus que l’outil, c’est gestion des déchets et du démantèlement qui a un coût. Il est fort probable que l’État soit contraint de reprendre une partie supplémentaire du fardeau d’Engie. Pas simple, quand les caisses de l’Etat sont vides.

Un autre opérateur

Une autre piste évoquée pourrait être un changement d’opérateur. Plusieurs concurrents d’Engie se seraient déjà manifestés auprès de Bart De Wever, selon certaines sources.

Quoi qu’il en soit, l’avenir de la Belgique sera nucléaire, le formateur ayant annoncé son intention de construire pour 8 GW de nouveau nucléaire. Mais la technologie SMR n’étant pas tout à fait prête et la solution EPR étant jugée trop tardive et trop chère, la prolongation des réacteurs nucléaires existants semble être la solution intermédiaire la plus réaliste et la moins chère. Avec ou sans Engie.

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