Solhyd a développé une technologie révolutionnaire pour produire de l’hydrogène vert. Le premier parc devrait voir le jour l’année prochaine. La promesse est celle d’un hydrogène vert moins cher à produire, à l’heure où la molécule traverse une période difficile.
Solhyd, Nippon Gases, Ether Energy et SunBuild se sont mis ensemble pour développer le premier parc solaire à hydrogène au monde. Celui-ci devrait voir le jour en 2026. Chacun est responsable d’une partie différente de la chaine de valeur. Solhyd s’occupe ainsi de la production d’hydrogène, et ce, avec une technologie révolutionnaire, développée pendant plus de 10 ans à la KULeuven.
Nouvelle technologie
En quoi cette technologie est-elle révolutionnaire ? “La technologie Solhyd produit de l’hydrogène directement à partir de la lumière du soleil et de l’air, sans eau liquide, sans raccordement important au réseau et sans métaux rares. Modulaire et facile à installer, elle simplifie radicalement la production d’hydrogène renouvelable”, peut-on lire dans le communiqué.
En fait, l’air qui entre dans la machine contient de l’humidité. Et c’est dans cette humidité qu’on retrouve de l’hydrogène. Les machines de Solhyd séparent alors cette “eau” en deux : hydrogène et oxygène. Ceci, avec un système d’électrolyse et des membranes développées par Solhyd… et ces électrodes sont alimentées par l’énergie qui provient des panneaux solaires installés sur la machine (mais peuvent aussi être branchés au réseau, à une batterie ou à une éolienne).

Ce projet se distingue d’autres projets d’hydrogène vert. Ceux-ci utilisent aussi l’énergie renouvelable, comme le solaire ou l’éolien, mais la matière première à transformer est de l’eau alcaline. Il y a aussi l’hydrogène bleu et gris : il est produit à partir de méthane (ou gaz naturel) : l’hydrogène est alors séparé du carbone. Bleu, c’est si le carbone relâché est capturé lors du procédé. L’hydrogène rose est quant à lui produit à partir d’eau, mais avec de l’énergie nucléaire. On trouve également de l’hydrogène doré, issu de puits de pétrole épuisés.
Moins cher
La grosse différence entre l’hydrogène vert de ce projet et l’hydrogène vert classique est le coût. Celui de la machine, moins chère à construire, mais aussi le coût de production, comme l’air est gratuit. Son coût d’exploitation est aussi moindre.
Cette manière de production se veut beaucoup plus simple à installer. Elle pourrait, par exemple, facilement être installée sur des parcs de panneaux solaires existants… qui pourraient alors produire et de l’électricité et de l’hydrogène vert (aux heures de demande d’électricité plus basse sur le réseau, par exemple). C’est d’ailleurs aussi le cas du parc prévu en Wallonie l’année prochaine : il produira les deux.
Et qu’en est-il en termes de production d’hydrogène, par rapport à un électrolyseur classique séparant de l’eau alcaline ? Cela dépend de la taille de l’installation bien sûr pour l’output total, mais les machines de Solhyd sont deux fois plus efficaces, entre l’énergie solaire injectée d’une part et les molécules d’hydrogène obtenues à la fin.
Secteur industriel
Notons que la finalité de l’hydrogène produit par ce projet est une application industrielle. Or, il faut savoir que l’hydrogène sert par exemple dans le secteur de la chimie, pour la production d’ammoniac et d’engrais ou le raffinage du pétrole. Ainsi que dans l’industrie, pour la transformation (décoction, pour être précis) des minerais de fer, où il peut remplacer l’utilisation de gaz naturel. L’hydrogène vert est donc une piste pour décarboner ces secteurs.
“L’engagement de Nippon Gases est un gage de la pertinence industrielle du projet : l’hydrogène produit sera intégré à la chaîne de valeur existante des gaz industriels”, note le communiqué.
Zone de turbulence
Mais l’annonce de ce projet concorde avec une période difficile pour l’hydrogène. La molécule était pourtant en pleine hype il y a quelques années. La Belgique, notamment, se voyait déjà comme une plaque tournante.
Mais aujourd’hui, bon nombre de grands acteurs (Orsted, Equinor, Shell, Uniper…) ont reporté ou annulé des projets de développement d’hydrogène vert. Les principales raisons citées sont les coûts élevés et une demande faible.
Les ambitions sont énormes, mais ne rencontrent pas encore la rentabilité. Voir l’hydrogène comme “carburant” (avec une pile à combustible) pour les voitures, camions, bus, avions, navires et autres porte-conteneurs, est plus proche d’une illusion. Il en va de même pour les ambitions en termes de chauffage résidentiel. Ces débouchés n’ont plus le vent en poupe.
Opportunité
Voilà justement une opportunité intéressante pour Solhyd. Sa promesse d’une solution moins coûteuse et plus simple à installer pourra trouver sa place dans cette conjoncture. D’autant que les objectifs de décarbonation de l’industrie, eux, restent d’actualité.