“La hausse de la demande mondiale en électricité sera entièrement portée par le renouvelable”

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La production d’électricité à partir de ressources fossiles sera en baisse cette année et l’année prochaine (au moins). La part du renouvelable va quand elle continuer de croître : l’éolien et le solaire porteront même tout seul la hausse de la demande mondiale en électricité. Ils devraient aussi dépasser le charbon dans le mix énergétique mondial l’année prochaine. C’est ce que montre un nouveau rapport de l’AIE.

L’adoption du renouvelable continuera sa marche cadencée dans les mois et années à venir. Voilà ce qui ressort d’un nouveau rapport de l’Agence internationale de l’énergie (AIE), présenté ce mercredi. Il se penche sur le marché de l’énergie et les perspectives pour la demande et la production, cette année et l’année prochaine.

Demande en berne en Europe

Le rapport commence avec les prévisions pour la demande. “La demande d’électricité dans l’UE devrait tomber à son niveau le plus bas depuis 20 ans”, écrit d’emblée l’agence. “La croissance globale de la demande d’électricité dans le monde devrait ralentir en 2023, les économies avancées étant aux prises avec les effets persistants de la crise énergétique mondiale et un ralentissement économique.”

Ainsi, en Europe, la demande d’électricité devrait chuter de 3% en 2023, comme c’était déjà le cas l’année dernière. “Ces deux baisses consécutives représentent ensemble la plus forte chute de la demande jamais enregistrée dans l’UE”, notent les experts. Ce serait surtout dû à la réduction de l’activité des industries très gourmandes en énergie, au vu de l’explosion des prix. Aux États-Unis et au Japon, il faudrait aussi s’attendre à une baisse de la demande, de respectivement 2 et 3%.

Mais en hausse dans le monde

Ailleurs dans le monde, la demande sera néanmoins toujours en hausse. “L’augmentation de la demande mondiale d’électricité reste largement soutenue par l’électrification des systèmes énergétiques à mesure que les efforts de réduction des émissions s’intensifient, par l’utilisation croissante de la climatisation intérieure à mesure que les températures grimpent, et par la forte croissance de la demande dans les économies émergentes et en développement”, sait l’AIE.

Les deux mastodontes asiatiques, la Chine et l’Inde, tirent la demande mondiale vers le haut. +5,2% en Chine en 2023 (et 2024), ce qui est cependant une hausse légèrement moins rapide qu’avant la pandémie (ou la moyenne de 2015-19). +6,5 % pour l’Inde cette année (et l’année prochaine), où l’augmentation est bien plus forte qu’avant la pandémie.

Résultat : avec les différentes baisses et hausses, la demande mondiale d’électricité devrait augmenter de 2% cette année. Un peu moins qu’en 2022 (2,3%). L’année prochaine, elle devrait davantage rebondir : “Mais dans l’hypothèse d’une amélioration des perspectives économiques mondiales, la croissance de la demande devrait repartir à la hausse en 2024, pour atteindre 3,3 %”, prévoit l’agence. À titre de comparaison, la hausse de la demande d’ici à 2024 correspondrait à trois fois la consommation d’électricité actuelle de l’Allemagne.

La hausse, ou baisse, de la demande, en chiffres (TWh), selon les pays, par rapport à l’année précédente. Crédit : AIE

Croissance entièrement couverte par le renouvelable

Le rapport se penche ensuite sur le mode de production de cette électricité consommée en 2023 et 2024. “Même si la demande augmente dans de nombreuses régions, le fort déploiement des énergies renouvelables dans le monde entier signifie qu’elles sont désormais en mesure de répondre à toute la croissance supplémentaire de la demande mondiale d’électricité au cours des deux prochaines années”, souligne le rapport. À tel point que le renouvelable devrait atteindre plus d’un tiers de la production d’électricité à échelle mondiale ; les autres énergies représenteront donc toujours deux tiers de la production et resteront omniprésentes dans les années à venir, ce qui laisse entier le débat énergétique

À tel point que la production éolienne et solaire pourrait même, pour une première fois, dépasser celle du charbon à échelle planétaire, en 2024. Cette dernière devrait baisser “légèrement” cette année et l’année prochaine, après une hausse en 2022. Même si la Chine, entre autres, continue de construire des centrales au charbon. La production d’électricité à partir de pétrole devrait baisser de manière “signifactive”. Autre énergie fossile : l’utilisation du gaz devrait augmenter très légèrement en 2023, mais baisser l’année prochaine.

Le nucléaire sera la seule énergie, à côté du renouvelable, encore en hausse en 2023 et 2024.

Hausse (ou baisse) de la production d’énergie, par source, en TWh, par rapport à l’année précédente. Crédit : AIE

Le train du renouvelable roule à pleine vitesse

“Nous sommes encouragés par le fait que les énergies renouvelables représentent une part croissante de la production d’électricité, ce qui entraîne une diminution de l’utilisation des combustibles fossiles pour la production d’électricité. Il est maintenant temps que les décideurs politiques et le secteur privé s’appuient sur cette dynamique pour garantir que les émissions du secteur de l’électricité diminuent durablement”, s’exprime le directeur des marchés de l’énergie et de la sécurité de l’IA, Keisuke Sadamori.

Dans tous les cas, le paradigme de la production d’énergie est en train de changer profondément. Le fait que la production via les énergies fossiles baisse d’une année à l’autres était très rare dans le passé. Cela n’arrivait que lors de crises majeures, lorsque la demande en énergie baissait. Mais c’est arrivé quatre fois sur les six années comparées – alors que la demande était toujours en hausse. “Cela indique que le monde se rapproche rapidement d’un point de basculement où la production mondiale d’électricité à partir de combustibles fossiles sera de plus en plus remplacée par de l’électricité produite à partir de sources d’énergie propres”, en déduit le rapport.

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