Île énergétique Princesse Elisabeth: les coûts explosent, Elia se justifie
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Certaines modifications de conception mais surtout des effets de marché “sans précédent” expliquent la forte augmentation entre les estimations initiales de 2021 et l’estimation actuelle des coûts de l’île Princesse Elisabeth, affirme mardi Elia sur base d’une analyse réalisée par la société de consultance KPMG.
L’analyse du consultant considère en outre que les choix techniques faits par Elia sont “conformes au marché”, selon le gestionnaire du réseau haute tension, aux manettes du projet d’île énergétique dont les coûts de réalisation ont flambé, passant de 2,2 à 3,6 puis à plus de 7,5 milliards d’euros entre 2021 et 2025.
À la demande du comité d’audit d’Elia, KPMG a examiné les estimations de coûts et l’évolution des prix de l’île Princesse Elisabeth. Dans un rapport intermédiaire, KPMG a identifié plusieurs causes qui expliquent le gonflement des coûts. Ainsi, des modifications importantes au niveau de la conception entre le projet de 2021 et celui de 2024 seraient responsables d’une augmentation du coût total du projet d’un milliard d’euros, selon cette analyse. Mais “de tels changements de conception ne sont pas inhabituels dans une phase de développement”, dit Elia qui a, comme le mentionne le KPMG, “soigneusement pesé les coûts/bénéfices attendus pour chaque modification”.
Pas de décision unilatérale
Certains ajustements (capacité du système de courant continu HVDC portée de 1.400 MW à 2.000 MW pour se conformer aux nouveaux standards de marché; choix d’une configuration dite “single-node” pour davantage de flexibilité et de sécurité d’approvisionnement) “n’ont pas été décidés unilatéralement”, rappelle encore le gestionnaire du réseau haute tension. “Le Grid Design a été approuvé par le gouvernement fédéral en juillet 2023 en connaissance du budget de 3,6 milliards d’euros qui tenait compte des choix techniques sous-jacents. Depuis lors, le budget du projet a approximativement doublé.
Dans un rapport, le régulateur du secteur énergétique, la Creg, avait pour sa part estimé qu’au moins 1,57 milliard d’euros d’augmentation des coûts de l’île Princesse Elisabeth pouvaient être directement liés à des choix techniques unilatéraux d’Elia. Les surcoûts sont donc surtout dus à une combinaison de l’inflation, de l’augmentation des coûts des matériaux et de la rareté de l’infrastructure en courant continu à haute tension (HVDC), poursuit Elia.
Une hausse de prix “sans précédent” pour l’Île énergétique Princesse Elisabeth
Face à cette hausse des prix “sans précédent”, le gestionnaire du réseau haute tension a récemment annoncé, “en étroite concertation avec les autorités”, le report de la décision relative au volet HVDC du projet d’île énergétique. Vu l’importance stratégique du projet pour la Belgique, Elia souhaite garder “toutes les options ouvertes grâce à ce report” et appelle à un “débat serein”.
Pendant ce temps, la construction des fondations de l’île artificielle et l’exécution des contrats de courant alternatif (HVAC) déjà signés se poursuivent. Selon Elia, ils garantissent que deux (700 MW + 1400 MW) des trois futurs parcs éoliens offshore seront réalisés. Soixante pour cent de la nouvelle zone éolienne Princesse Elisabeth sont déjà en cours de réalisation.