Gaz : les menaces de rupture de l’approvisionnement se concrétisent pour l’Europe

Des tuyaux transportant du gaz.

Une grève en Australie menace de mettre à l’arrêt 10% de la production mondiale de gaz naturel liquéfié (GNL). Un ultimatum est désormais lancé, et la grève pourrait commencer le 2 septembre. Un coup dur pour l’Europe, dont l’approvisionnement est toujours vulnérable. Le prix du gaz, déjà plus élevé depuis les premières menaces de grève il y a deux semaines, pourrait continuer à augmenter.

Le sujet tient les observateurs du marché du GNL en haleine depuis près de deux semaines. En Australie, les travailleurs du secteur du gaz naturel liquéfié menacent de se mettre à l’arrêt, en raison de revendications sur une hausse du salaire et sur les conditions de travail qui ne seraient pas accordées par les employeurs.

Les négociations semblent s’enliser et les menaces de grève se concrétisent. Concernant les sites de production de Woodside, les syndicats ont annoncé un ultimatum ce dimanche, rapporte Reuters. Si aucun accord n’est trouvé avant ce mercredi soir, ils débrayeront. Un préavis légal de sept jours doit être respecté : la grève pourrait alors commencer le 2 septembre.

Concernant Chevron, les travailleurs syndiqués ont voté pour donner la possibilité à leurs représentants pour déclarer l’état de grève ce week-end. Les résultats sont attendus ce mardi. Chez Woodside, ce vote a été remporté à 99%.

Conséquences pour l’Europe

Le sujet est suivi de près en Europe, même si l’Australie n’est pas vraiment un fournisseur du continent, au vu de la distance.

Mais les sites où les grèves pourraient avoir lieu représentent 10% de la production mondiale de GNL. Les clients habituels de l’Australie, l’Asie, vont donc devoir s’approvisionner ailleurs. C’est là que le bât blesse : l’Europe et l’Asie vont alors devoir se disputer les mêmes fournisseurs, notamment les États-Unis. Ce qui va jouer sur les prix, et peut-être même sur la sécurité de l’approvisionnement (l’un pouvant influencer l’autre dans une logique de cercle vicieux, qui plus est).

Car l’Europe est vulnérable. Elle essaie de se débarrasser du gaz russe, mais elle en a toujours besoin. Les importations sont cependant nettement en deçà des moyennes des années précédentes, mais elles restent l’inconnu dans l’équation, Moscou pouvant à tout moment fermer le robinet pour de bon, ou encore réduire les livraisons.

Prix élevé

Dans cette situation “dangereuse”, comme la décrivait l’expert en énergie et professeur à l’Université de Liège Damien Ernst récemment dans nos pages, un événement comme des grèves en Australie peut vite jouer les trouble-fêtes, même si les réserves européennes sont aujourd’hui pleines à 90%, et ce bien avant le délai imparti (octobre).

La preuve : dès les premières nouvelles de ces grèves, le prix du gaz européen (TTF) a fait un bond de plus de 30%, sur la journée du 9 août. La dernière fois que des hausses de cette importance avaient eu lieu, c’était au début de la guerre en Ukraine. Et le prix reste élevé depuis ce jour, malgré une baisse de la demande (qui poussait encore le prix vers le bas tout au long du premier semestre). Il se négocie toujours à environ 40 euros le MWh, ce lundi. Reste à voir si les grèves auront finalement lieu ou si une solution peut encore être trouvée.

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