La Commission veut interdire toute importation de gaz russe dans l’UE d’ici fin 2027

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La Commission européenne a publié mardi une feuille de route visant la suppression, d’ici fin 2027, de toutes les importations dans l’UE de gaz russe, qui continuent d’alimenter la guerre en Ukraine. “Un message très clair à Moscou”, selon le commissaire à l’énergie, Dan Jørgensen.

Dans une feuille de route présentée à Strasbourg, en marge de la session plénière du Parlement européen, la Commission européenne envisage de mettre un terme aux dernières importations de gaz et de pétrole russes, ainsi que de retirer progressivement l’énergie nucléaire russe du marché européen. L’objectif est de préserver la sécurité d’approvisionnement énergétique de l’Union européenne tout en limitant l’impact sur les prix.

Le plan REPowerEU a déjà permis à l’Europe de diversifier ses sources d’approvisionnement. « Il est maintenant temps pour l’Europe de rompre complètement ses liens énergétiques avec ce fournisseur non fiable », plaide la présidente de la Commission, Ursula von der Leyen. « L’énergie qui arrive sur notre continent ne doit pas servir à financer une guerre d’agression contre l’Ukraine. »

La Commission présentera des propositions législatives le mois prochain. Toutes les importations par gazoduc ou par méthanier de GNL (gaz naturel liquéfié) seraient interdites à partir de la fin de cette année, qu’il s’agisse de nouveaux contrats ou de contrats au comptant en cours. Cette mesure devrait permettre de réduire d’un tiers les importations restantes de gaz russe.

Pour les entreprises liées par des contrats à long terme, leur rupture d’ici fin 2027 sera considérée comme un cas de force majeure, sans qu’elles ne puissent en être tenues responsables, a précisé le commissaire Dan Jørgensen.

La Commission associera les États membres concernés à l’élaboration de ce plan. Chaque pays devra présenter une feuille de route nationale d’ici la fin de l’année. L’exécutif européen veillera à ce que les propositions soient fondées sur une évaluation rigoureuse des conséquences juridiques et économiques, afin d’offrir aux entreprises la prévisibilité nécessaire.

En Belgique, Zeebrugge reste le premier port importateur de GNL en Europe, selon l’Institute for Energy Economics and Financial Analysis (IEEFA). En 2024, près de sept milliards de mètres cubes de gaz russe y ont transité, soit une baisse de 11 %. Depuis le 26 mars dernier, l’UE interdit le transbordement de gaz russe à destination de pays tiers.

Les propositions de la Commission devront être adoptées par le Parlement européen et le Conseil (États membres), à la majorité qualifiée. Un pays comme la Hongrie, dont le Premier ministre Viktor Orbán reste proche du Kremlin, pourrait refuser de soumettre un plan national. Il s’exposerait alors aux procédures d’infraction prévues par les traités européens.

La part du gaz russe dans les importations de l’UE est passée de 45 % en 2022 à 13 %, selon Dan Jørgensen. Pourtant, les Européens ont encore versé 23 milliards d’euros à la Russie l’an dernier pour leurs importations énergétiques. Depuis l’invasion de l’Ukraine en février 2022, les États membres ont acheté plus d’énergie à la Russie que ce que l’UE a fourni en aide à l’Ukraine — l’équivalent de 2 400 avions de chasse, selon le commissaire danois.

Concernant le combustible nucléaire, la Commission prévoit de supprimer progressivement les importations d’uranium, d’uranium enrichi et d’autres matériaux nucléaires russes. Quant au pétrole encore acheminé via la « flotte fantôme » – une stratégie russe pour contourner les sanctions et les plafonnements de prix –, l’UE envisage des missions de surveillance maritime et de dissuasion.

À demi-mot, Dan Jørgensen a réfuté tout lien entre cette feuille de route et une éventuelle pression américaine pour acheter davantage de gaz. L’indépendance énergétique vis-à-vis de la Russie figurait déjà dans la lettre de mission que lui avait confiée Ursula von der Leyen au début de son mandat, a-t-il rappelé.

Combinées aux objectifs de la transition énergétique, ces mesures visent à remplacer jusqu’à 100 milliards de mètres cubes de gaz naturel d’ici 2030. Parallèlement, les capacités européennes de GNL devraient croître de 200 milliards de m³ d’ici 2028 — soit cinq fois plus que les volumes actuels de gaz russe importés.

L’approche graduelle préconisée par la Commission vise à minimiser l’impact sur les prix et à garantir la conclusion de contrats d’approvisionnement alternatifs et fiables.

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