Facturer l’eau comme l’électricité, selon le moment de consommation?

Ensure clean drinking water at home with kitchen filtration. Cropped woman hands filling glass with tap water © Getty Images

Face au manque d’eau alarmant, deux théories s’affrontent : facturer selon le moment de consommation ou transformer la Flandre en gigantesque éponge.

Jamais depuis 132 ans, le ciel ne s’était montré aussi avare en précipitations. La Flandre s’alarme et cherche des solutions à un manque d’eau chaque jour un peu plus alarmant. D’où les appels à l’économie et comme souvent, en pareilles circonstances, la tentation de jouer sur les tarifs, soit de manière progressive, soit, à l’instar de ce qui se pratique déjà en matière d’électricité, de manière dynamique.

Augmenter les prix ne semble toutefois guère efficace. Selon les calculs de la Vlaamse Watermaatschappij, une augmentation de prix de 10% n’entraînerait qu’une réduction de la consommation d’eau de 1,7%.

À titre de palliatif, le Conseil économique et social de Flandre (SERV) avait toutefois recommandé, en 2022 déjà, de supprimer le tarif de base pour les secondes résidences. Reste la facturation dynamique, techniquement possible dans la mesure où d’ici 2030, tous les compteurs d’eau de Flandre devront être numériques. Les sept sociétés distributrices d’eau actives dans cette Région s’y attellent mais la principale d’entre elles, De Watergroep, qui détient 46,1% d’un marché estimé à quelque 3,2 millions de compteurs, a pris du retard. Fin novembre 2024, un peu plus de 700.000 appareils étaient déjà installés et selon les dernières estimations, la Flandre entière devrait être couverte en 2032-2033.

La facturation dynamique est techniquement possible dans la mesure où d’ici 2030, tous les compteurs d’eau de Flandre devront être numériques.

Avec les compteurs numériques, les relevés d’index pourront être effectués à distance. Les fuites, actuellement estimées à 13% de la quantité d’eau distribuée pourront être immédiatement détectées et les prix modulés en fonction des précipitations et/ou des réserves d’eau disponibles.

Évoquée sur les antennes de la VRT par Annick Lamote, attachée au service d’études du Conseil économique et social de Flandre (SERV), cette dernière possibilité a immédiatement trouvé écho au Parlement flamand où Jo Brouns, pressé de questions, a précisé haut et clair que pareille tarification, n’étant pas prévue dans l’accord gouvernemental, “n’est pas à l’ordre du jour”. Mon objectif, a-t-il poursuivi, “est de transformer le sol flamand en gigantesque éponge”. Un retour aux sources en quelque sorte.

Recouvrir les terres asséchées

Des décennies durant, la Flandre s’est efforcée de canaliser, le plus rapidement possible ses eaux de pluie vers la mer. Autrefois en effet, les terres étaient, tantôt naturellement, tantôt volontairement, inondées de sorte qu’elles pouvaient se gorger d’eau.

Sous la précédente législature, le Blue Deal, un ensemble de 70 mesures rétentrices d’eau initié par Zuhal Demir, a certes permis à l’eau de recouvrir à nouveau quelque 5.000 hectares de terres asséchées au fil des ans, mais la version 2.0 de ce plan, pourtant prévue par l’accord gouvernemental, se fait attendre.

Avec pour mot d’ordre de “donner davantage d’espace à l’eau”, ce dernier prévoit notamment la mise au pas de pouvoirs locaux trop laxistes dans la délivrance de permis de bâtir en zones inondables pouvant aller, en cas de récidive, jusqu’à leur mise sous tutelle. 

Guillaume Capron

Vous avez repéré une erreur ou disposez de plus d’infos? Signalez-le ici

Partner Content